sant, et l’entrepôt des marchandises qui passaient
de Tiflis à Erivan et à Tébriz ou Tauris.
Cette même année 1827, les Perses crurent faire
une belle oeuvre en le dévastant entièrement et
en le ruinant, de façon qu’à mon passage, quatre
à cinq maisons seules formaient tout le village.
Peut-on rien voir de plus triste que tous ces
toits enfoncés, toutes ces maisons'désertes. Les
Persans n’ont pas épargné l’église, dont il ne
reste que le choeur.
Dans l’intérieur du choeur, on a placé dans
1» muraille des croix avec des inscriptions,
comme dans les églises arméniennes de Théo-
dosie, d’Akhaltsikhé.
La corniehe taillée en porphyre vert est d’un
style particulier (1).
L ’autel était et est encore tout bonnement une
pierre tumulaire dressée.
Non loin de l’église se trouvait le cimetière
avec de nombreuses tombes, quelques-unes sont
ornées de croix à l’arménienne : la population
ancienne était grande d’après l’immensité de ces
lombes : leur forme est comme à Âkhaltsikhé
et dans le reste de l’Arménie, approchant d’un
cercueil posé sur une base. Pas d’inscriptions.
Je trouvai, pour la première fois, un style de
fontaine tout particulier : une espèce de niche
Voyez Atlas, IIIe série, pl. 32 bis.
profonde, voûtée en plein cintre et ouverte par
devant où l’on conduisait, par des tuyaux en
terre cuite, l’eau d’une superbe source qui
s’épanche maintenant sur le chemin; elle tombait
par deux gouleaux dans l’intérieur de la niche.
La température de cette eau sortant de terre
était de 70.
Dilijan avait un pont de deux arches en
pierre sur l’Akstafa ; un second pont sur la rive
gauche de la rivière était posé sur un ravin sec.
Passage de l’Echak-Meidan.
A Dilijan, je pris tristement copgé de mon
compagnon de voyage, M, Lorenzo, Espagnol ,
l’aide de M. le major Espejo. Il est si doux en
pays lointain de se trouver avec quelqu’un qui
parle votre langue, qui est de votre foi, et dans
lequel il y a réciprocité de sentiment. On se soutient,
on se console, on s’aide mutuellement.
Je me trouvai donc réduit à mon interprète
Alibey, à son domestique et à mon guide. Alibey,
qui avait été d’abord entraîné à Varsovie par la
fortune du prince Paszkievitz après la guerre de
Turquie dont il avait fait la campagne, s’était
distingué dans la guerre contre les Polonais et
avait mérité la croix de St-George de soldat.
Cela lui valut de plus d’être placé dans l’esca