cursion jusqu’au monastère de St.-Jacques, qui
est perché à trois quarts de lieue d’Arkhouri
en remontant les flancs de l’énorme crevasse.
J’eus toutes les peines à me frayer un chemin à
travers les fondrières et torrents d’eau produits
par la fonte des neiges et des glaces de l’Ararat.
Sur quelques espaces déjà libérés des frimas où
l’on voyait poindre quelques brins d’herbes, je
trouvai un Merendera caucasica (espèce de crocus
j en fleurs. A force de persévérance, j ’accomplis
mon pèlerinage et je pus faire ma prière
dans le sanctuaire du fameux St-Jacques. Ce
monastère n’est qu’une petite chapelle assise sur
le bord d’une terrasse naturelle, à quelques
centaines de pieds au-dessus du fond de la crevasse.
L ’église est entourée de quelques huttes
où logent les moines qui desservent l’église, et
quelques arbres ombragent ce groupe pittoresque
d’édifices (1). Excepté ce peu de verdure ,
et celle que produisent les jardins d ’Arkhouri,
il n’y a pas un seul arbre sur toute la montagne
du grand Ararat. C’est à la lettre, si on en
excepte un antique saule rabougri, replié par la
neige et par les glaces. On le voit isolé au-dessus
du village : les habitants assurent que c’est
(1) Ou peut voir lïn dessin qui donne Pidée de la position
dvi monastère de Saint-Jacques, dans le Voyage de
M. Parrot sur f Ararat, t. II, p. 126.
une planche de l’Arche de Noë qui a pris racine
et qui a produit cet arbre qu’ils vénèrent. Ils ne
souffrent pas qu’on lui fasse le moindre dommage,
ni même qu’on emporte un de ses faibles
rameaux.
Le petit Ararat est aussi nu que le grand, à
Fexception d’un petit bouquet, de 8 minutes de
tour, de bouleaux nains qui croissent au pied,
vers le nord (1).
Un moine à la face triste et mélancolique et
qui ne paraissait pas trop s’amuser dans cet ermitage
à 6000 pieds au-dessus du niveau de la
mer, surtout dans cette saison de tourbillons de
neige et de brouillards, m’introduisit dans le
lieu très-saint : les corridors, les portiques, l’église
même étaient d’une humidité et d’une fraîcheur
insupportables ; car toute l’eau produite
par la neige qui venait de fondre dégouttait des
plafonds et ruisselait le long des parois.
Le moine me fit observer dans l’intérieur de
l’église plusieurs grandes inscriptions arméniennes
qu’à peiné je pouvais distinguer, tant
les murailles en lave noire donnaient une teinte
sombre à l’intérieur, de l’édifice, pauvrement
éclairé par une fenêtre latérale. Voici ces documents
de l’église qui donneront une idée du
style lapidaire des Arméniens.
( 0 , Parrot, ï , 2x9, lui assigne une hauteur absolue de
7788 pieds.