sans doute en bois, comme c’est l’usage dans le
pays ; car on y voit peu de traces de pierres et
d’édifices. On y reconnaît seulement les restes
d’un canal ou aquéduc qui passait sous les murailles,
venant de l’intérieur du pays.
Outre les portes du pont de la Skourdébi et
de 1 acropolis, il y en avait encore une troisième
qui communiquait avec la ville ouverte des cOuri,
1 Ourikalaki comme la tradition l’appelle, ville
en bois, sans muraille, qui s’étendait à plus d’un
verst de distance sur le plateau élevé qui s’élargit
de plus en plus entre la Skourdébi et la Nata-
nébi. On y remarque peu de traces d’édifices en
pierre 5 une foret épaisse et antique recouvre une
partie de cet emplacement; l’autre est semée de
plantations de maïs d’une taille de 12 à i5 pieds,
qui fructifie d’un manière incroyable dans ce sol
engraissé. Les plantations en jachère sont tapissées
d’une haute fougère, ombragée de quelques
vieux chênes.
La position d’Oudjenar était l’une des plus
belles du Bas-Gouria, entre deux rivières abondantes.
A ne m’en tenir qu’à ce que le sol me
présente, je ne puis douter que sa destruction ne
remonte très-haut, et qu’elle n’ait appartenu à
un peuple qui n’était pas chrétien : car il n’y a
pas de traces de ces églises byzantines qui ne
manquent jamais de se trouver dans tous les forts
les plus anciens de la Mingrélie et del’Iméreth,
et même dans ces grandes villes de Sakharbet et
d’E a , ensevelies aujourd’hui dans l’oubli. La
forme et la construction de ce temple que j ’ai
cité plus haut , ne sont point géorgiennes.
D’ailleurs regardez cette vieille forêt de hêtres
, de charmes, de chênes, qui recouvrent
ces ruines. Sur l’une des tours de l’angle N. E.,
s’est enraciné un hêtre qui n’a pas moins de
seize pieds de roi de pourtour, et sur la muraille
orientale pousse un charme qui en a quatorze.
Avant que la tour se soit ruinée au point
où elle est ; avant que la muraille se soit abaissée
à quelques pieds au-dessus du sol ; avant que
le hêtre et le charme aient acquis l’épaisseur
qu’ils ont maintenant, combien de siècles compterons
nous ?•
Je dqutai longtemps de retrouver chez les auteurs
anciens rien qui pût me faire supposer
à quelle ville de l’antiquité connue des Grecs
ou des Romains, Oudjenar correspondait; enfin
je trouvai dans Procope (î) ce que je cherchais,,
et comparant ses descriptions avec ce qui restait
d’Oudjenar, je fus certain qu’elle était identique
avec la fameuse Pétra, dont j ’ai parlé au
long dans l’abrégé de l’histoire de la Colchide
qui commence le second volume.
Dans son livre IV de la Guerre des Goths,
m Goth. , lib. IV , cap. \ i .