vant pour attiser le feu qui s’endormait aussi.
J’aurais dû m’attendre à toute autre réception.
N’étais-je pas dans ce Skanda, cette
Alexandria, que les traditions géorgiennes citent
comme l’un des châteaux bâtis par Alexandre
le Grand (1) ? N’étais-je pas dans ce Skanda,
l’une des principales forteresses des Lazes, abandonnée
par les Grecs sous Justinien , prise et
reconstruite par l’ordre de Khosroës (2) ? N’étais-
je pas dans ce Skanda , dont plusieurs rois d’I -
méreth firent leur résidence favorite, entre autres
Alexandre qui régnait en 165o et qui en avait
fait une ville (3) ? Que de titres à la gloire ! Mais
ni la gloire, ni le renom ne donnent à souper ,
et quand je vis Skanda à travers le givre de la
matinée, je fus fort satisfait de l’asile qui m’était
échu en partage. Skanda n’est qu’une ruine depuis
longtemps abandonné^ ; car Güldenstàdt la
cite déjà comme telle. Sa position sur la lisière
des hautes pentes tertiaires, au fond du bassin
de la Colchide , en commandait l’entrée contre
l’Ibérie. Voilà pourquoi les Grecs et les Persans
s’en dispustaient la possession. La ruine actuelle
, comme celle de Goudilissakli, consiste
en une tour écrasée avec une église, et quelques
vestiges de maisons en pierre.
(1) Chardin.
(2) Procopiusde Bello Goth., lib. IV, i 3,etc.
(3) Klaproth, Voyage, éd. ail., 1 . 1, p. 33o.
Le 24, nous traversâmes laDjoussaparlepied
des collines de craie que le mélaphyre qui encaisse
son lit a soulevées. L ’ouverture de la
Djoussa laisse apercevoir Moukhôura avec 200
feux , l’un des plus grands villages du pays.
Plus loin, au-delà de Moudjerêti, passe la
Bzoudja, qui , réunie plus bas à la Djoussa , va
prendre le nom de Tchèlabory. J’ai déjà décrit
ce pays dans ma course à Kreiti, lorsque je remontai
la Bzoudja jusqu’à sa source.
A 12 verst de Skanda, nous atteignîmes, sur
le sommet d’un plateau qui domine le pays, une
touffe de vieux tilleuls qui ombragent le vieux
monastère de Katzkhi (i*). L’intérieur est circulaire
; huit niches profondes supportent un grand
et beau dôme qui éclaire presque seul le vaisseau
du Temple par douze grandes fenêtres; l’autel
est placé dans l’une de ces niches.
Sur la porte de gauche, quelques sculptures
avec une inscription en petits caractères, auraient
mérité d’être copiées, mais on ne m’en
laissa pas le temps.
Les sculptures, corniches et ornements' des
fenêtres sont du style de l’église épiscopale de
Nikortsminda ; on pourrait croire ces deux édifices
du même maître, quoique sur des plans dif-
( i ) Voyez atlas, IIe série pittor., pl. 6.
m. à