sur les montagnes voisines , puis sur celles qui
sont plus élevées, cherchant les' pâturages pour
leurs troupeaux, jusqu’à ce que les frimas les
rechassent dans le bas.
Leurs femmes se montrent et sont très-méchantes.
Ils parlent un langage mélangé de toutes
sortes d’idiomes, et l’on voit que les Kourdes
actuels ne sont qu’un ramassis de toutes espèces
de nations qui venaient se vouer au brigandage
à l’abri terrifiant de ce nom connu de si ancienne
date, à peu près comme celui des Cosaques Za-
porogues. On y retrouve du turc, du persan, de
l’arménien. Les Kourdes sujets de la Russie,
privés dé leur chef, sont tranquilles : ceux
qui habitent des portions du territoire persan ou
turc, sont plus terribles que jamais.
En abordant le pied de l’Ararat, les pierres
deviennent de plus en plus fréquentes. Comme
sur les cônes volcaniques de l’Etna ou du Vésuve,
on remarque ici le premier pas que l’on fait
à la nfontée, tant la ligne entre la plaine et
l’amont est bien marquée.
Que l’on est fier quand on met.le pied pour la
première fois sur cette sainte montagne, et que
l’on entend de toutes parts la tradition des habitants
vous reporter sur lès traces de Noë : dès
que vous avez monté quelque temps, vous y
êtes déjà; on commence à trouver les jardins
d’Argliouri ou Arkhouri, où les habitants cultivent
le poirier, le pommier, le prunier, le cerisier,
l’abricotier, le pêcher, le noyer ; point de
figuiers. C’est ici que la tradition suppose que
Noë planta les premiers ceps de vigne et s’enivra,
et en foi de la vérité de cette histoire, on
vous montre quelques tiges de vigne vierge.
Dieu, pour punir les ceps qui avaient ainsi entraîné
le pauvre patriarche dans le péché , les
condamna à ne plus porter de raisins.
Arkhouri, que nous atteignîmes à 5 lieues du
Karasou, est dans le fond de la crevasse que
1 A raiat,.dans ses commotions volcaniques, a
entr’ouvérte en déchirant son sein. Au fond de
cette crevasse coule , au printemps, un maigre
ruisseau, la seule eau courante de l’Ararat sur
sa pente septentrionale. Arkhouri, le seul village
qui se soit hasardé sur les flancs de l’Ararat, se
désaltère de cette onde, qui a peine à atteindre
le pied de la montagne , tant elle est épuisée par
les canaux d’irrigation des champs et des jardins.
Car quoique le nom dû Arkhouri signifie en arménien
« ici, il planta la vigne, » cela n’empêche
pas que son principal commerce ne consiste en
froment. Sa population se monte à près de
i ,ooo habitants, répartis dans plus de 200 maisons.
Ils ont, sur la rive gauche du ruisseau, une
forteresse carrée en terre glaise à la manière du
pays, et vis-à-vis, sur la rive droite, où est aussi
la majeure partie du village , une assez belle
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