ques, qui formaient ainsi la base de toutes ces
roches dolomitisées et crayeuses.
La masse principale de ces roches plutonien-
nes est un porphyre rouillé , très-compacte, à
cassure angulaire; on dirait un schiste recuit.
Le porphyre globuleux à couches concentriques,
parfaitement semblable à celui de Parlhénit en
Crimée, se montre en plusieurs endroits.
Le monastère de Djroudji n’est pas très-ancien
; il a été fondé par les tsérételli, comme
sanctuaire de leur famille. L ’église qui est assez
bien bâtie est leur St-Denis ; on y voit plusieurs
tombes récentes, en beau marbre de Constantinople.
Sur les murs extérieurs , je vis plusieurs
bas-reliefs grossiers représentant des St-Geor-
ge ; il n’est presque pas une église où son image
ne soit peinte et sculptée , tant ce saint est révéré
dans tout le pays du Caucase. Une inscription
que je copiai sous l’un de ces St-
George, m’offrit des particularités d’écriture
assez bizarres ; en voici la traduction, par
M. Brosset jeune (1).
« Dieu fasse grâce à Ghiorghi Pha-wandi
Abachidzé, à lui à jamais et à ses bénis ancêtres,
et à ceux qui ont pris soin de ses os. Amen. »
Les moines du monastère qui s’attendaient à
notre visite, et qui ne la désiraient guère sans
doute , nous reçurent avec une espèce de solennité
dans la cour, et nous menèrent dans le logement
destiné à recevoir les étrangers de distinction
, article de luxe qu’on ne retrouve pas
dans beaucoup de monastères du pays, qui sont
fort pauvres généralement. Un plain-pied destiné
à divers usages supportait une immense galerie
qui faisait le tour de trois à quatre petites
chambres; on nous confina dans l’une autour
d’un bon feu de cheminée turque, et nous nous
séchâmes tant bien que mal en attendant le souper
qui ne venait point, quoiqu’il se fit tard. Au
lieu de cela, il arriva chez nous en grande cérémonie
une députation des moines, qui voulaient
traiter à jeun de l’affaire qui attirait le chef de
district dans ces vallées sauvages par ce temps
effroyable.
Or donc, voici le fait dont il était question ,
autant que je puis me fier à ma mémoire, ayant
malheureusement négligé de le noter dans mon
journal. Une partie des habitations des moines
sont bâties sur le bord du rocher qui surplombe
presque la rivière ; ce ne sont que de chétives
cellules en bois ; l’une des plus vieilles s’écroula
tout à coup pendant la nuit, et tomba au fond
de l’abîme, entraînant avec elle un pauvre vieux
moine dont on ne retrouva le lendemain que le
cadavre mutilé. Il fallait constater ce fait, et
prouver qu’il n’y avait ni suicide, ni guet-apens.
III. ^ 12