6 mauvais canons turcs sur des affûts brisés, et
placés sans rempart sur une petite élévation, à
côté d’une vieille tour de bois à moitié renversée.
La Natanébi, VIsis d’Arrien, qui se réunit en
face de St-Nicolas à la Skaroua, baigne le pied
du fort et le sépare de la Turquie. On jouit du
pied de la tour d’un beau coup d oeil sur 1 embouchure
de cette riviere , sur la rive turque et
sur la longue chaîne des montagnes de Batoum,
qui se termine bien loin le long de la mer, derrière
laquelle la distance les fait disparaître, et
confond leur teinte avec celle de 1 horizon (î).
Ce n’est qu’au coucher du soleil des équinoxes
qu’on distingue à son ombre fortement dessinée,
bien au-delà de l’extremite de cette chaîne,
le promontoire ou de Laros, ou de Rizeh, qu on
voit sortir de la mer comme une longue île hérissée
de pointes. Encore plus loin, quoique avec
peine, on distingue un second cap, ou plutôt
deux pointes isolées comme des îles avec une
plus petite au milieu. Il faudrait bien connaître la
côte, pour dire à quel point elles appartiennent.
La plupart des cimes des montagnes de Batoum
sont déjà couvertes de neige. Ceci seul sert à
prouver que leur hauteur est plus considérable
que celle du Jura; car les cimes du Jura sont
Voyez atlas, IIe série, pl. 8.
rarement recouvertes de neige avant la fin d’octobre,
et déjà depuis trois semaines on en voit
sur la chaîne de Batoum. Ces montagnes sont
celles de la Tsannique des anciens et de l’Icha-
neth des Géorgiens, contrée célèbre par la
rudesse et la bravoure de ses habitants, qui,
comme je l’ai dit, appartiennent à la nation des
Lazes, l’une des grandes branches de la race
géorgienne. Le Tchorok coule au milieu de ces
montagnes, et trouve une issue pour arriver a
la mer, entre les promontoires les plus saillants,
marqués sur mon dessin. A l’est du Tchorok, la
chaîne Lazique vient se joindre à celle d ’Akhal-
tsikhé et son noeud est à peu près à moitié chemin
entre cette ville et Ozourghéti.
Il paraît que tout ce groupe appartient en
général au système mélaphyrique et volcanique
d’Akhaltsikhé ; sa forme le prouve. Le noyau
central contient des roches granitiques, comme
le montrent les cailloux roules de la Soubsa a
Tchikotauri. Mais les petits chaînons qui partent
de cette chaîne et qui viennent mourir à Ozourghéti,
à Likaouri, ne sont tous que des amas de
cônes et de jets mélaphyriques de porphyre
amygdalaire et qui s’abaissent ainsi petit a petit
en bordant la grande plaine centrale, où ils ne
forment que de légères éminences ou protubérances
allongées et étroites , comme si elles
étaient sorties de fentes.