veinent, tant i]s sont une image de là guerre.
Nous sommes près du village et chacun s’arrête
dans sa course, restreinte par des murailles.
A l’entrée même du village, nous trouvons toute
la population qui attend dévotement le général
et qui entoure un boeuf que nous distinguons au
devant de la troupe. Nous ne sommes qu’à
5o pas; tout à coup le boeuf tombe au moyen de
cordes préparées que l’on tire subitement, le
pauvre animal va être égorgé, lorsque le général
crie et fait des gestes pour qu’on ne l’immole
pas pour lui ; et bientôt arrivent les anciens
du village, à barbe blanche, qui viennent féliciter
humblement leur bon gouverneur.
Ici une partie de l’escorte qui vient des villages
les plus éloignés, prend congé et s’en retourne.
On traverse le village sans s’arrêter,
quand le général n’a pas quelque plainte à juger,
quelques griefs à écouter, et dès que la place le
permet, les jeux recommencent.
C’est ainsi que nous avions fait le trajet d’E-
rivan à Koulpé, c’est ainsi que nous fîmes celui
de Koulpé à l’Ararat et plus loin. Partout de
nombreuses escortes qui faisaient monter notre
troupe à 70 ou 80 cavaliers. Dans chaque village
on voulait, à notre approche, immoler un boeuf
ou un mouton. Telle était la manière de voyager
des anciens sardàrs persans, et tels étaient les
us et coutumes de leurs excursions. On n’ avait
encore rien changé pour .le général russe dé ces
obseryances et cérémonies. Non seulement ces
escortes et ces jeux servaient à relever la pompe
du voyage, mais étaient nécessaires à notre sûreté.
Le pays que nous traversions était naguère
très-dangereux ; nous nous trouvions sur le sol
des Kourdes qui passent l’hiver dans la plaine et
l’été sur les promontoires et sur les chaînons de
l’Ararat, et qui n’ont jamais aimé que le brigandage
: on n’aurait pu, du temps des sardars, faire
cette tournée sans une plus forte escorte que la
nôtre; aujourd’hui elle était moins nécessaire,
quoique toujours utile, parce que les Kourdes
avaient quitté en. partie le sol russe, mais il en
était encore assez resté pour exercer leur ancien
métier.
Nous allâmes passer la nuit à Amarat, à 20
verst de Karakala, après avoir traversé Arab-
kerlou et Akhmanmat. Amarat était jadis la
résidence du chef des Kourdes ; après la guerre
entre les Russes et les Persans , il se sauva
en Turquie avec une partie des siens; depuis
lors, il désira rentrer en Russie et profiler
de l’amnistie générale accordée à ceux qui
avaient quitté le pays pendant la guerre. La
Russie lui a refusé avec raison cette permission,
sachant fort bien que laisser revenir ce chef eh
Arménie, c’était le mettre à la tête des Kourdes
de son territoire, leur donner un guide, un con