vieillard, le grand-père du jeune homme , à
longue barbe blanche, à l’air vénérable. 11 met
la main sur son coeur ; il me supplie par sa
barbe blanche, qu’il tient serrée dans ses doigts
contractés; il me baise les mains. Je suis peiné
de lui refuser une grâce, un pardon qui est celui
d’un autre. Mais je lui réponds toujours que c’est
le mélikh qui doit décider. Cependant le mélikh
ne vient point ; les heures s’écoulent ; on nous
sert à souper copieusement : on nous donne
surtout de fort bonnes galettes ou lavaches de
froment très-blanc que nous avions déjà trouvées
à Tchoubouklou et à Tchugrus, et qui contrastaient
avec le rèche, mauvais pain d’orge de
Mélikh-kend, de Karavansérai et de Dilijan. On
était d’une prévenance extrême. Après le souper,
j ’écris mon journal comme je le faisais régulièrement
chaque soir ; mes paupières se ferment
et me disent qu’il est l’heure d’aller se reposer
et toujours point de mélikh. Ali qui s’était apaisé
petit à petit, dormait. Voyant toute chose
rentrée dans le calme, je n’insistai plus, et je me
couchai sur mes feutres étendus sur le tapis.
Partout les maisons sont les mêmes ; un peu
plus de soin ici, un peu moins là. Elles ont
beaucoup d’analogie avec les maisons ou les
habitations souterraines des Géorgiens. Dans un
pays qui manque de bois et ou il fait si froid
pendant l’hiver, on cherche à obtenir et à conserver
un certain degré de chaleur à son habitation,
en la plaçant au milieu des écuries et des
étables : on a soin d’élever cette chambre de
quelques pieds au-dessus de l’écurie, mais du
reste c’est comme si on y était; car deux ou trois
des parois ne consistent qu’en quelques poutres
qui soutiennent la toiture et en une balustrade
grossière à hauteur d’appui qui empêche de tomber
dans l’éCurie, du reste vous voyez, vous
entendez, vous sentez tout ce qui se passe autour
de vous. Telle est la demeure du riche et du
pauvre : partout même économie de^palorique.
Ce n’est que quand on a des hôtes dn distinction
que l’on brûle quelques morceaux de bois
mort de ses jardins ; à l’ordinaire le combustible
consiste en galette de bouse de vache que l’on
ramasse soigneusement et que l’on applique
comme du mortier contre une muraille pour la
faire sécher; tout le pourtour d’une maison est
quelquefois recouvert ou tigré de ces placards
ce qui lui donne un air fort baroque.
Une fois séchés , on les entasse en piles circulaires,
que l’on recouvre soigneusement contre
la pluie pour l’hiver; on a même des espèces
de greniers pour cela.
Le feu se fait dans une cheminée placée dans
le mur extérieur, au milieu de l’un des côtés
étroits de l’appartement. Tout l’appartement est
tapissé de nattes et de feutres;* mais le longu des