Les Turcs donnent à ce lac le nom de Koukt-
chehdaria, mer bleue, que l’on trouve rendu
dans les cartes russes par celui de GoTchtchai ou
Goktcha. On l’appelle aussi en Arménie Kadjar-
sou ou lac doux. Les anciens Arméniens le connaissaient
sous le nom de lac de Kegham, celui
de l’un de leurs anciens rois (1).
Ce nom de lac doux lui est donné par opposition
aux lacs de Van et de Tébriz qui sont
salés, et dont les eaux ne sont nullement potables.
Une seule petite île l’orne à son extrémité N.O.
Elle n’est qu’un dernier jet de porphyre qui s’est
élevé des immenses profondeurs du lac, en se
détachant du dernier contrefort de l’Echak-
Meidan qui fait promontoire dans le lac jusqu’à
Samakagert. L’île n’a qu’un verst de long
et | verst de large. On l’a dessinée trop grande
dans toutes les cartes, et très-mal placée : comment
exiger mieux, quand la direction et la
(1) Chardin, le premier voyageur moderne qui fasse
mention de ce lac, connaissait déjà fort bien ces deux qualités,
la douceur de ses eaux et ses bons poissons. « Ce
lac, dit-il, s'appelle en persan Dérichirin, lac doux; en
arménien Kiagar-Couni-sou, avec la même signification.
Il a 25 lieues de tour et beaucoup de profondeur. On y
prend de neuf sortes de poissons. Les belles truites et les
belles carpes de 3 pieds qu’on apporte à Érivan viennent
de là. » I, 257, in-fol.
forme du lac sont elles - mêmes entièrement
fausses. ; *
Sur ce petit îlot réside ün archevêque avec
plusieurs moines, dans un couvent orné d’une
belle église fort ancienne.
Cet archevêque et ses moines mènent une vie
sainte, remplie de toutes espèces de privations ;
ils observent un jeûne perpétuel. Il paraît que la
sainteté donne aussi quelquefois de l’orgueil; car
souvent cet archevêque s’est déclaré indépendant
du catholicos d’Etchmiadzin , dont il ne voulait
pas reconnaître la suprématie. Chardin en cite
un exemple, et cela s’est passé aussi de nos jours.
Jusqu’en i 834, ce beau lac n’avait pas vu de
bateaux sillonner ses ondes ; elleS étaient mortes
pour la navigation. Jusqu’alors les moines du
monastère de Sévang ne s’étaient servi pour se
transporter à terre que d’un grossier radeau, fort
mal fait et très-dangereux. Mi le major Espéjo,
témoin de cette enfance de l’art , offrit aux
moines de leur faire un bon bateau, ce qu’ils
acceptèrent. J’espère qu’à présent ils trouveront
ce moyen de transport plus commode que le
précédent. /J . uftiioob •
Dans le fait, les habitants de ces rives sont
assez excusables cUî leur peu d’mduS trie marine,
car ils ne sauraient trouver des bois de construction
sur les bords, ni même sur les montagnes
qui l’entourent qui sont nues et dépourvues de,