église bâtie en forme de croix en lave noire ; elle
date du huitième ou neuvième siècle : l’intérieur
est éclairé par un dôme. Sa longueur, jusqu’au
fond du choeur, est de 54 pieds; sa largeur, de
3o pieds. Le diamètre intérieur du dôme est de
i 5 pieds. La façade du choeur est aussi ornée de
deux niches triangulaires.
Depuis la fondation de cette église, le terrain,
comme autour du Panthéon à Rome , s’est tellement
exhaussé,que les deux portes latérales sont
enterrées jusqu’au cintre ; les tombeaux se sont
accumulés sur cette place sacrée. Parmi ces
pierres tumulaires de toutes formes, j ’en trouvai
une qui prouve l’antiquité de cette église ; c’est
une longue dalle de 3 pieds de large sur 7 de
hauteur, dressée non loin de l’entrée principale
et sur laquelle on lit : « C’est moi, Isaak, serviteur
pécheur de J.-C. Que l’on prie aussi pour
moi devant Dieu, quand on lui adressera des
prières. L’an 4°4 de l’ère arménienne» (t)55
de J.—C.).
Il est donc certain que l’église était déjà construite
en 950, quand on a dressé cette tombe
près de la porte. .
On lit encore dans l’intérieur de l’église une
inscription écrite sur l’un des piliers qui supportent
le dôme, et dans laquelle Kakig Ier, surnommé
Chahancha, fils d’Achod III, monté sur
le trône d’Arménie en 989 , donne au village
d’Arkhouri une franchise entière d’impôts, et
anathématise quiconque osera violer ce décret.
Ce décret, jadis gravé sür une pierre, est oublié
depuis longtemps ; la pierre a été brisée, les habitants
du village paient les impôts comme partout,
et on n’a de souvenance de ce décret de
Kakig que par la copie écrite sur le pilier du
dôme.
Lors du voyage de Tournefort, l’église d’Arkhouri,
qu’il appelle Acourlou, était abandonnée,
et on y logeait les étrangers. Selon ce même
voyageur , cette église s’appelait aussi Araxil-
vanc , ou couvent de l’Apôtre. — C’est le nom
que lui donnait déjà Chardin qui, mieux informé
, le traduit par monastère des Apôtres.
Non-seulement les Arméniens regardent comme
très-saint l’emplacement où est bâtie l’église,
parce qu’ils supposent que c’est là que Noë offrit
le premier sacrifice après le déluge, mais ils
disent aussi qu’on y a trouvé les corps de saint
André et de saint Mathieu lorsque l’on creusait
les fondements de l’église, qui est*restée, dit-on,
en possession du crâne de l’évangéliste.
Nous fûmes reçus par Stépan-Aga, chef du
village d’Arkhouri, qui était venu à notre ren-r
contre avec les principaux habitants du village,
et qui voulut avoir l’honneur de loger le général
sous son toit plat de terre glaise.
Je profitai de l’après-midi pour faire une ex