de Phryxiis, château très-fort, était dans la Moschique
Ibérienne, et portait alors le nom de
Idessa (1).
Procope, qui range les Meskhes sous la domination
ibérienne, dit que le pays qu’ils habitent,
quoique au milieu des montagnes, n’est ni escarpé,
ni stérile ; qu’au contraire, la contrée est
d’une fertilité extrême à produire toutes sortes
de fruits, d’autant plus que les Meskhes sont
très-habiles à la culture des champs.'et surtout
des vignes (2).
Ces deux auteurs font traverser Ta Meskhie
par le Phase, la Kvirila de nos jours : il n’ÿ a
rien d’extraordinaire à ce que ces deux géographes
aient donné la préférence à la Kvirila qui
ne le cède pas de beaucoup au Rion pour- l’abondance
des eaux. D’ailleurs son cours moins
enfoncé dans le Caucase, plus ouvert et par conséquent
plus abordable , le rendait plus facile à
connaître ; plus voisine de l’Ibérie, la population
meskhe était plus avancée dans la civilisation
que celle du Ratcha, presque inconnue alors.
Aussi les bords de la Kvirila portent-ils plus de
traces d’une ancienne civilisation et d’une population
nombreuse que les rives du Rion. J’ai re(
1) Strabon, p. 478 et 79.
(2) Procope, de Bello Gothico, t. II, lib. IV, p. 4^7,
ed. Dindorfii.
levé l’exagération de Strabon dans le nombre
des ponts qu’il jette sur le Phase, erreur qui
vient peut-être d’un copiste : mais son assertion
n’en est pas moins vraie ; car on trouve assez
fréquemment les traces de ces anciens ponts
ruinés dont il ne reste que les culées, le reste ,
qui était en bois, ayant été emporté.
Parmi tous les princes tsérételli de Satche-
khéri, demeurait , aussi une veuve du général
Abkhasof, née princesse tsérételli. La renommée
faisait grand bruit de sa beauté ; elle passait
pour une des plus belles femmes du pays.
Ce fut elle qui me donna l’hospitalité. Son palais
le plus beau de ceux des tsérételli, consistait en
un vaste plain-pied muré, renfermant écuries,
magasins, chambres, dans l’une desquelles je
logeai. L’étage, tout en bois de châtaignier, était
occupé par une large galerie couverte et par les
appartements de la princesse. Je logeai pendant
cinq jours chez elle, mangeant son pain et ses
poulets, buvant son vin, sans avoir eu l’honneur
de voir seulement le bout de son voile, et
Dieu sait si je n’aurais pas été entièrement privé
du plaisir de contempler un instant les charmes
de cette beauté , si un beau jour le feu n’avait
pris à la cheminee de son salon, qui était immédiatement
au-dessus de ma chambre. J’entends
un bruit sourd, des cris; rumeur générale
parmi les vassaux, qui grimpent d’un côté , en