comme une couverture ; leur épaisseur totale
varie de 10 à 20 pieds.
Lea galets sont tous enveloppés d’une croûte
de 2 à 3 ligne& d’épaisseur d’une masse calcaire
blanche qui tient aussi lieu de ciment, de façon
à ne présenter quelquefois qu’une roche compacte.
Quand les débris sont plus petits et la matière
incrustante abondante, la roche prend
même une apparence calcaire. Ce fait est remarquable
parce qu’il prouve que, dans le temps que
les volcans du Kieghart-Hassar et du pourtour
du lac Sévang travaillaient le sol de l’Arménie, la
plaine centrale était encore un vaste lac. Les débris
volcaniques lancés dans cette petite mer y
ont été arrondis et roulés sous forme de galets
par les vagues. Enfin ce ciment calcaire si abondant
est une preuve que les eaux de cette mer
avaient obtenu une haute température primitivement
pour avoir une vertu aussi incrustante.
J’ignore si les cendres volcaniques y sont aussi
pour quelque chose.
Akbache est à 16 ou 17 verst d’Erivan, à l’entrée
de la gorge par où la Karhni-tchai débouche
dans la plaine de l’Araxe. De là notre route nous
mena, pendant 20 verst, le long de ses rives jusqu’à
Karhni. Elles sont encaissées d’abord par
deux chaînes de collines de schiste et de grès
qui ont l’air recuits et altérés ; leurs couches sont
redressées et rompues. Par-dessus se montre une
formation d’argile feuilletée et de tuf volcanique
(1) dont les couches sont aussi plus ou moins
renversées.
A 6 verst d’Akbaehe on aborde le pied d’une
immense coulée de lave qui s’est traînée sur l’argile
feuilletée, qui est ici un vrai tuf volcanique.
Le torrent s’est arrêté tout à coup, et ses extrémités
présentent des talus à pic jonchés d’énormes
fragments. ■
Nous montâmes sur cette coulée de lave (2)
qui s’étend jusqu’au-dessus de Karhni. Sa surface
ondulée, tourmentée, est couverte de débris de
roches volcanisées, scoriacées, doftt les pointes
bizarres sont disposées par longues digues ou
bourrelets. Le torrent a coulé de l’ouest de
Karhni, comme nous le verrons plus haut. La
Karhni-tchai coide à l’est dans un horrible précipice.
(1) Masse terreuse d’un jaune grisâtre faisant fortement
effervescence avec les acides.
(2) Cette lave ressemble tout-à-fait à celle qui borde la
Zenga, à Erivan : on n’y voit qu’une masse grise, à cassure
inégale, d’une transparence noire par les bords, qui fondent
en un verre noir au chalumeau. Elle renferme plus
ou moins de ces cellules, allongées qui sont tapissées de
petits cristaux de mica d’un blanc jaunâtre. Quelques
échantillons sont, sans cellules ; d’autres sont semés de
quelques cristaux isolés blancs brillants, de labrador à ce
qu’il pai’aît. (Gustave Rosen).
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