EXCURSION
A ETCHMIADZIN.
La neige, vers le i er de mars, avait enfin
quitté la plaine de l’i^axe et l’alouette se faisait
entendre au milieu des champs fertiles quoique
pierreux, quand je me disposai pour mon saint
pèlerinage chez le pope de l’Arméiiie. Le bon
général BeboutofF m’avait donné son interprète
et un bas officier cosaque pour m’accompagner,
et nous fîmes gaîment nos 18 verst jusqu’au
monastère.
On traverse un pays d’abord coupé de laves
brisées et déchirées à la surface ; tout le sol est
couvert de pierres, et il est étonnant qu’on y
trouve place pour y semer quelque chose.
Les irrigations sans lesquelles rien ne croît,
sont tres-bien entendues dans ce pays- ci £ des
endroits destinés à une éternelle stérilité, sont
fertilisés par des prodiges de l’art, par des canaux
d’un verst de long qui traversent des montagnes
de lave. On en voit un bel exemple dans
un petit vallon adossé à des collines de lave qui
le séparent du cours de la'Zenga, dont on a
ainsi amené les eaux par un canal souterrain.
A 5 ou 6 verst du monastère, on débouche
dans une plaine très-fertile ou les pierres cessent
entièrement. On n’y trouve qu’un gros gravier,
résidu d’une lave décomposée, de cendres et de
débris volcaniques. Cette plaine est en grande
partie cultivée, et les débris volcaniques ajoutent
à sa fertilité.
Le monastère même s’annonce de loin par la
perspective des trois dômes de ses églises, qui
surgissent comme des monuments égyptiens sur
la plaine, ce qui leur a fait donner par les Turcs
le nom d’Utche Kiljssa ou les trois églises. Une
quatrième, plus éloignée, ne fait pas groupe
avec les trois.
En approchant, d’autres objets se rattachent
petit à petit à ces églises et se groupent autour :
mais on cherche en vain la grande ville de Va-
garchabad, au milieu de laquelle ces trois églises
étaient bâties. Elles sont restées ; mais ce qui les
entourait dans l’antiquité a disparu et s’est nivelé
comme le reste de la plaine ; ce qu’il est facile
d’expliquer , quand on sait que toutes les maisons
et tous les murs dans ce pays sont communément
en terre glaise. On laboure ce terrain qui
est très-productif. Le seul reste de l’antiquité,