tigres qui habitaient ces solitudes et qu’on tuait
pour les peaux qu’on envoyait en Perse : aujourd’hui
il n’y en a pas un sur l’Àrarat. Les
seuls animaux sauvages qui viennent brouter
l’herbe maigre de ces déserts, sont la chèvre sauvage
(Capra oegagrus de Gmel.), et la brebis sauvage
(Ovis musimon), variété orientale dont j ’ai
déposé les superbes cornes au musée de Berlin.
La limite de la neige, comme je l’ai dit plus
haut, est à environ 12,800 pieds de roi. Le petit
Ararat, qui n’atteint pas à cette hauteur, se
dépouille entièrement de neige vers la fin dé
juillet ou au commencement d’aout : c’est signe
alors que les grandes chaleurs vont commencer
à Erivan.
Il n’y a pas de doute que 1’Ararat n’ait été jadis
un volcan ; mais quand a-t-il cessé de l’être ?
. Jamais la tradition ni l’histoire n’ont parlé de
quelque phénomène qui ait rapport à une éruption
de ce volcan. Le seul auteur qui contredise
cette négation tacite de l’histoire, est l’aventureux
Reineggs : on ht dans les pages 27 et 28 du
tome I de sa Description du Caucase, que l’A-
rarat a fumé et jeté des flammes le 3 janvier et
le 22 février 1785.
Les tremblements de terre ont été et sont encore
en Arménie d’une fréquence et d’une violence
rares. St. Ephrem, diacre d’Edesse, dit
qu’en 34i les montagnes d’Arménie s’étant d’a-
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bord écartées l’une de l’autre, se heurtèrent
ensuite avec un horrible fracas 5 qu’il en sortit
des tourbillons de flammes et de fumée, et qu’après
cette effrayante agitation, elles se replacèrent
sur leur base (1).
L ’histoire nous a aussi conservé les terribles
désastres occasionnés par de violentes secousses
plutoniennes, dans toute l’Asie mineure, en
358, en 362, en 365, Nicomédie et Nicée furent
renversées de fond en comble : un grand nombre
de villes de la Palestine, de l’Afrique, de la
Grèce, de la Sicile, eurent le même sort le même
jour , tant le foyer de destruction était
vaste (2).
Mais aucune de ces commotions ne fut plus
épouvantable pour l’Arménie, que celle qui
abîma le Vaïatsor, après la mort d’Etienne, 22e
évêque de Siounik, pendant le huitième siècle.
Il ,y eut des ténèbres pendant 4° jours, et des
tremblements de terre si violents que toute la
vallée fut bouleversée de fond en comble. Dix
mille habitants périrent sous les décombres : des
voix se faisaient entendre du fond de la terre-
Ces ténèbres et ces horribles secousses ne peuvent
s’expliquer que par quelque éruption d’un
volcan voisin, tel que le Nal-Tapa.
o l| Lebeau , Bas E/np. éd. S.-Martin, t. I, p. 435.
(2) Id. t. II, p. a55 et 257 ; III, p. 26 et 224.
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