prodiguait ses soins au patriarche qui, trouvant
bientôt sa tiare monacale décorée de la croix
patriarcale en brillants trop pesante, pria qu’on
lui donnât son bonnet ordinaire : il n’était plus
habitué à la représentation.
Le couvent possède une imprimerie et une bibliothèque
principalement arménienne (1). On a
commencé à construire à cet usage un grand
bâtiment dans l’intérieur même de la cour des
patriarches ; la façade sera décorée d’une colonnade
à l’européenne qui sera d’un effet extraordinaire
au milieu de tous ces édifices asiatiques.
J’étais arrivé à Etchmiadzin pendant le carnaval,
et je trouvai les environs du couvent ainsi
que la grande cour remplis de groupes d’hommes
et d’enfants qui s’amusaient à qui mieux
mieux : la plate-forme qui entoure l’abside du
levant était surtout fort animée. Elle est entourée
d’une balustrade d’un goût remarquable : ce
sont de longues dalles de lave de 6 à 7 pieds
de hauteur sur 3 de largeur, dressées sur un petit
parapet bien bas. Chacune de ces pierres est
couverte de croix et d’arabesques sculptées en
relief ; on y lit au haut le nom du donateur, car
(i)»Le gouvernement russe a fait toutes les démarches
possibles pour chercher à obtenir un catalogue des livres
manuscrits et imprimés ; il n’a pu encore y parvenir, tant
les moines mettent de préjugé à ne pas faire connaître ce
qu’ils possèdent dans ce genre.
toutes ces pierres sont de pures offrandes faites
à l’église et non des pierres tumulaires. Vingt
groupes de jeunes gens jouaient aux osselets
parmi ces antiques monuments de la piété arménienne.
A un demi-verst du monastère, j ’allai visiter
vers le soir l’église de Sainte-Caïane, qui est au
S. E, de la grande église. Je passai tout droit par
un grand cimetière couvert de tombeaux. La
plupart sont en forme de dalles longées ; d’autres
ont l’air de sarcophages élevés de 2 à 3 pieds
et arrondis par en haut.
On place l’inscription sur l’un des longs côtés.
L ’église, qu’on dit dater de Tiridate, mais qui
lui est sans doute postérieure de plusieurs siècles,
est d’une construction très-simple qui dénote
ainsi son antiquité ; elle n’a rien de remarquable
que le tombeau vide de la sainte. Du temps de
Chardin elle était abandonnée ; aujourd’hui elle
ejst desservie par un prêtre, l’un des moines du
couvent. Le portique sert à la sépulture des patriarches.
La troisième église remarquable est celle de
Sainte-Hripsimé , à un demi-verst au N. E. du
monastère. J’allai la visiter en retournant à Eri-
van, après avoir pris congé du patriarche Jean,
qui me donna encore une fois sa bénédiction,
me la donna même sur papier, en lettres dorées
et argentées, pour moi et toute ma famille. Je