avec leur artillerie, gardent quelques vieux canons
conquis sur les Turcs, je ne vis de remarquable
qu’une vieille église en pierres .de taille
avec quelques traces de sculptures. Je n’y ai point
trouvé d’inscription. La .tradition l’attribue à la
reine Thamar; sans rien préjuger là-dessus, on
peul,d’apres le style d’architecture,juger qu’elle
date d’assez loin.
Gori, la ville, est sur la rive gauche de la Med-
jouda, au pied de la forteresse. Elle a deux
grandes églises modernes, l’une catholique r
l’autre arménienne, et plusieurs autres plus
petites, grecques, en tout huit églises. L’église
catholique a été bâtie par les pères Capucins qui
ont un hospice ici, et qui paraissent jouir d’une
certaine influence sur la population arménienne
catholique assez nombreuse > Ils ont une école
comme a Koutaïs et surveillent la jeunesse, qui
va régulièrement à l’église. Il peut y avoir beau4-
coup de piété dans leurs chants enfantins ; mais,
certes, il n’y a pas d’harmonie ; c’eSt une chose
dure à entendre pour un Européen que ces cris,
que ces miaulements discordants qui déchirent
l’oreille. Je voudrais bien que messieurs les saints
pères, outre leur piété, apportassent aussi de
Rome quelque peu de la bonne musique de St-
Pierre.
La majeure partie des habitants de Gori, qui
se montent à 3,4oo, consiste en Arméniens catholiques
et schismatiques, presque tous livrés à
des métiers ou au commerce. Les Géorgiens sont
les moins nombreux. Un bataillon qui est ca—
serné, un commandant et les employés du gouvernement,
forment le reste de la population ;
Gori est chef-lieu d’un district de ce nom.
Gomme toutes ces villes souvent ravagées, Gori
offre partout des traces de misère et de dévastation,
à côté de la nouvelle opulence et de l’industrie
qui se développe sous la protection de la
Russie. Du temps des derniers rois de Géorgie,
et même il y a encore cinq ou six ans, ce pauvre
Gori était un vrai coupe-gorge ; les Lesghis, sans
cesse en course de brigandage entre leurs montagnes
et Akhaltsikhé où ils allaient vendre leurs
prisonniers, avaient fait de Gori une triste oasis
au milieu d’un désert ; on osait à peine sortir de
jour de la ville sans être escorté et bien armé, de
peur de tomber entre les mains de ces terribles
brigands qui guettaient leur proie de toutes parts
le long des rivières. De nuit on n’osait pas sortir
de ses maisons 5 souvent même on était forcé de
se sauver dans la forteresse, la hardiesse des Lesghis
allant jusqu’à piller la ville à la faveur des
ténèbres. On fut même obligé de fortifier les
moulins qui sont sur le Liakhvi, de les entourer
de murailles et de tours, pour pouvoir se défendre,
ce qui leur donne un singulier aspect; en