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belles situations du Karthli. Tout Je bord du
Kour jusqu’à Gori est couvert de débris de briques
et de vases de tous genres ; on trouve des
koupchines enterrées dans des endroits où on
les soupçonnerait le moins ; tout est traces, vestiges
d’un monde passé depuis longtemps, bien
longtemps.
Mais ce n’est pas tout ce qu’il y a d’intéressant
à Ouplostsikhé. Dans une première visite de ces
lieux, passant derrière l’église , j ’abordai le pied
du rocher que je suivis jusqu’à ce que j ’eusse
trouvé une large corniche de molasse n° 20, sur
laquelle on avait jadis pratiqué un chemin (1).
Je montai insensiblement, laissant à droite une
petite chapelle arménienne n° 19, taillée dans le
roc vif, avec une inscription dans cette langue sur
la façade. En voici la traduction par M. Brosset.
« Ma sainte croix, souvenez-vous de Davith
auprès du Christ. »
Le bord du chemin devient escarpé de plus
en plus, à mesure qu’on approche du sommet,
et bientôt je tourne autour d’un massif de molasse
à couches énormes, couronné d ’une vieille
muraille, et j ’entre par une large fente n° 14,
qui a jadis servi de porte dans une ville, oui
dans une petite ville qui peut rivaliser avec ce
(1) Voyez pour saisir le fil de ma description, atlas,
IVe série, pl. 1 et les suivantes.
qu’il y a de plus curieux en fait d’antiquités. Je
dis une ville, car on la retrouve tout entière
taillée dans les immenses blocs de molasse. On
la retrouve là , vous entrez dans ses rues, dans
Ses maisons, ses magasins, ses lieux sacrés, ses
cours, ses palais. Mais la mort y règne maintenant,
et le souille glacial du vent du Caucase y
pénètre partout. Pas un seul habitant, personne
qui vous réponde quand vous demandez à qui
cette maison, quelle est cette rue, pourquoi ces
nombreux canaux? Vous êtes obligés de tout
deviner vous-mêmes.
Cependant on trouvera que pour une ville de
ce genre, une couche du rocher en corniche pour
chemin ne répondait pas beaucoup à tant d’élégance
: on aura raison, et j’avouerai qu’en suivant
ce sentier, j ’avais à peu près pris la ville
d’assaut. Car si je m’étais dirigé à l’opposite, j ’aurais
monté par un large chemin taillé avec un
parapet dans la paroi du rocher, j ’aurais trouvé
la porte de la ville n°io ouverte et je serais entré
plus commodément.
Enfin, nous voilà dedans; vous cherchez de
hautes façades, des étages entassés les uns pardessus
les autres comme à Paris, ou au moins
des ruines de tout cela, et rien qui y ressemble.
Vous êtes ici dans une ville d’un tout nouveau
genre, et qui touche de plus près à l’enfance du