grands tas de pierres amoncelées autour du signal
: ils sont trop peureux eux-mêmes pour
vous vouloir faire du mal j j ’en vis un énorme ,
grisâtre, de deux pouces de largeur au moins,
qui échappa à toutes mes perquisitions.
Au nord-ouest de la ville , on plane aussi sur
une combe qui s’avance dans le sein de la montagne
schisteuse de Tchitoutrouki, dont la partie
supérieure à nu présente ses couches contournées,
tandis que l’inférieure est remplie de vignobles,
de noyers et de maisons de campagne
qu’arrose une partie du ruisseau du Tsavkissi,
qu’on fait passer par-dessus le dos de la montagne
5 une partie de cette eau va au jardin du
gouverneur.
Vie dë Tiflis.
On se ferait une fausse idée de cèlte capitale
en pensant que la vie y est chère. Au contraire,
les vivres y sont à fort bon compte et très-variés.
Les colons allemands y fournissent 3e tout
ce dont on a besoin pour une vie européenne. Le
pain et le riz y sont en abondance ; la volaille et
le gibier de toute éspèce y affluent, et les gourmets
recherchent les poulets et les poulardes de
Mingrélie et d’Iméreth. Les pêches de la mer
Caspienne fournissent richement en hiver du
poisson frais, et en tout temps du poisson salé
et du caviar.
Le vin y est excellent et à fort*bas prix. On
en vend de deux espèces, celui de Cakhétie
rouge qui se paie 1 a ba se (80 centimes) la tounga
(5 bouteilles) le bon (1)5 l’ordinaire CQÛte 20
centimes et au dessus. Quand on veut avoir de
la meilleure qualité $ ort va bien jusqu’à 2 abases
(1 fr. 60 cent;) et au-delà. Ces vins ont beaucoup
de ressemblance pour la couleur avec les vins
de Bourgogne*, ils ne sont pas si sêcs, si acerbes
què les vins de Bordeaux. On les conserve en
Cakhétie, le plus grand vignoble de la Géorgie,*
déjà vanté par Slrabon (2) dans des koupchines
(amphores) qui, comme je l’ai dit, sont d’une
dimension remarquable ; car on en voit qui ôUt
jusqu’à neuf pieds de hauteur : ce sont peut-être
les plus grands échantillons de poterie connus,
et si Diogène en avait un pareil pdur tonneau,
il avait bien assez de place pour s’y coucher. On
les fabrique en plusieurs pièces que l ’on rejoint
(1) Les jardins de Tiflis a eüx seuls produisent environ
70,000 védro ou 210,000 tounga, envirôn le 7e de la
consommation de Tiflis. Les prix me paraissent exagérés
dans la Description russe de la Géorgie en 4 vol., t. I,
p. 23a. L’auteur prend pour moyenne du prix du vin
2 abases ou 1 fr. 60 cent., et porte le chiffre de 13 consommation
en vin à 2,225,000 francs.
(2) Strabo, p. 482, ed. Bas’.