parlent pour son antiquité. Elle fut fondée après
l’an 4^5 , par Vakhlang Gourgaslan qui bâtit
Tiflis, et qui plaça sa nouvelle église au milieu
du nouveau quartier de Nîssani (1). Chardin dit
que son nom de la Rupture (Métékhi) lui vint
de ce que ce roi (qu’il ne nomme pas) la fonda
pour pénitence d’avoir, sans sujet, rompu la paix
avec un prince de ses voisins. Chali-Navaz-Khan,
roi de Géorgie, mahométan, quoique Géorgien
et Bagrationi, l’avait prise pour en faire un
magasin à poudre; elle ne servait plus, il est
vrai, la foudre en ayant abattu une partie* Le
roi la fit refaire, et quoique magasin, elle portait
toujours le nom d’église de la Rupture. Héra-
elius Ier (1688) la céda aux Persans avec le fort.
Héraclius II qui parvint à se débarrasser d’eux,
la restaura vers la fin du 18e siècle.
Laissons cette forteresse bien reblanchie et
éclatante; nous entrons ici déjà dans le bazar
qui commence au pied de ses murailles. De ce
côté-ci, vous ne voyez que tas de pommes, de
noix, de noisettes, de châtaignes sur lesquels
sont jetés de longs bâtons qui fixent votre attention.
Ce sont des noisettes proprement cassées
Chronique géorg. de Vakhtang V, dans le Voyage de
Klaproth, éd. ail., II, p. 164. Il estpossible qu’une partie
de l’église date de l’époque de la fondation ; mais , quant
à la coupole ét à quelques ornements, ils sont de beaucoup
postérieurs à cette époque.
et épluchées qu’on a roulees dans une feuille
assez mince de pâte de prune séchée au soleil.
C’est une gourmandise des desserts géorgiens.
Regardez, je vous en prie, les figures avides de
ces pauvres Lesghiens ou Lesghis déguenillés
qui n’ont pas un para pour s’acheter une pomme;
ils affluent ici où ils viennent chercher de l’ouvrage.
L’einpreinte de la misère se lit sur leurs
figures amaigries, sur leur bourca rapiécé, sur
leur vieux bonnet, garni d’un bourrelet péle
de peau de mouton. Voyez dans ces autres
boutiques la belle symetrie de saucisses alternant
avec des paquets de chandelles pendus
au devant de la boutique ; et ces belles guirlandes
de raisin, si frais, si bien conservé.
La foule s’eidpresse autour de ces chars chargés
de cochons raclés, nettoyés qui s’arrêtent
devant la boutique des charcutiers. Il n’est pas
de peuple qui aime le porc comme les Géorgiens,
mais seulement en hiver; jamais en été.
Avant de passer le pont, surveillé par deux
invalides, nous laissons à gauche au pied du rocher
qui encaisse le fleuve, le tombeau de saint
Abo, martyrisé par les Persans à Tiflis ; il est
orné de colonnes, et passablement dégradé. —
Vous vous arrêtez, et vous me demandez ce que
c’est que ce grand bâtiment à trois ou quatre
étages qu’ou achève à la tête du pont ? A cette
profusion de pilastres, de décorations, de fe