Procope dit que les Lazes n’avaient'pas de places
fortes sur la rive gauche du Phase, et que
cette partie de leur royaume, qui comprenait le
Gouria actuel, était abandonnée comme position
militaire.
Les Romains sous Justinien furent les premiers
à y prendre pied, en y fondant, non loin
des bords de la mer, un camp fortifié, qu’ils appelèrent
Pétra. Pris par les Perses sous Khos-
roës, repris par les Romains, l’histoire de ses
sièges forme les épisodes les plus intéressants de
la guerre de la Lazique : car pendant plusieurs
campagnes ce fut sur Pétra que se porta toute
l’attention des deux armées. Pétra fut le but et
la clef de toutes les opérations militaires.
Que 1 on repasse l’histoire de cette guerre et
qu’on compare les détails que donne Procope
des localités avec la description que je viens de
faire de ce que j’ai vu des ruines, et je ne doute
pas que l’on ne soit convaincu de l’identité que
je viens d’avancer.
Procope distingue très-bien la ville, Commeje
l’ai décrite, d’avec l’acropolis, où après la prise
de la première, 5oo Perses se renfermèrent, et
préférèrent se laisser consumer dans les flammes
plutôt que de se rendre aux Romains.
On ne sera plus étonné de trouver au lieu d’église
les restes d’un atéche-gâh, où les Perses
adoraient le feu sacré ; ne sait-on pas que le
principal but de Khosroës dans celte guerre de
la Lazique était de détruire le christianisme, et
d’enter de force sur ses ruines la religion de
Zoroastre qu’il professait ? Les Romains y auraient
ils construit lors de la fondation de Pétra
une église, le zèle des Perses aurait dû les engager
à la détruire pendant leur occupation. Et
l’on sait que quand les Romains eurent repris la
ville, ils se hâtèrent de la raser de façon à ce
qu’aucun ennemi ne pût s’y loger désormais.
Dès-lors Pétra a été abandonnée. L’on s’explique
comment les murailles sont si basses, quoique
la dent du temps ait eu peine à attaquer la
solidité de ces constructions : tout ce qui est
resté debout est bien construit»
J’ai déjà fait la différence des deux styles romain
et persan. La maçonnerie romaine se reconnaît
facilement dans cette partie de la muraille
qui formait tout le corps de la ville fortifiée
vers l’est, la séparant de ce que j ’ai appelé
l’ Ourikalaki, qui était le fameux marché où Jean
Tzibus faisait son monopole de sel et d’autres
denrées, et où il forçait tous les Lazes de venir
trafiquer.
L’aquéduc qui fit l admiration des Romains,
ne l’ai-je pas retrouvé dans ce canal qui passe sous
la muraille, et qui amenait de la plaine l’eau aux
Perses à l’insu des Romains ?
Pétrà fut rasée en 55o de J.-C. L’on ne s’é