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noire), on donne aux canaux le nom de K o u Iqu-
sou.
Nous laissâmes Jgdir avec sa quarantaine à
droite; plusieurs autres villages se dessinaient à
courte distance des deuxcôtçs de la route. Nous
passâmes par Tokhanchalou, Kadjar et Baïat (1),
et à 25 verst d’Amarat, nous nous arrêtâmes à
Djanat-abad (ouvrage du Paradis), pour y passer
la nuit. Ce village, l’un des plus grands de
la plaine, est à 5 ou 6 verst de l’Arabe. Il y a
quelques jardins avec des pêchers, des abricotiers;
mais point de vignes,iparce que les habitants
sont musulmans.
Nous trouvâmes de ce coté de l’Araxe un
autre prince persan, nommé Douloukhau-Beg,
qui nous accompagna à Arkhouri. En m’informant
des richesses et des sources du revenu de
ces princes et des nobles, j ’appris une singularité
de l’ancien droit persan que je ne puis passer
sous silence.
Le schali de Perse, en remettant à un prince
ou à un noble des domaines, n’est senselui donner
que l’imposition qui reviendrait au gouvernement.
Le paysan seul possède la terre , pour
laquelle il paie au seigneur une dîme de 3 sur î o >
( i ) Kadjarest le nom de la dynastie régnante en Perse,
et Baïat est celui d’une tribu qui habite l’Arménie. Dja-
lilbeg était Baïat.
S’il se trouve dans le domaine plus de terre que le
paysan n’en peut cultiver, le seigneur pi’opriér'
taire n’a pas le droit d’en tirer parti pour son
propre compte : le gouvernement n’a jamais
entendu donner la terre au seigneur ; elle apr
par tient au schah, et ce qui n’est pas cultivé par
le paysan , retourne directement au schah de
droit.
Cette disposition de la loi, qui a été conservée
sous le régime russe , ôte toute énergie au seigneur
; le paysan un peu industrieux est souvent
plus riche que son maître.
Outre le tiers environ de la récolte, sous l’administration
persane, le gouvernement prélevait
encore un impôt en argent qui était fixé comme
suit : chaque boudja, c’est-à-dire chaque groupe
de deux familles riches avec une pauvre, ou
de deux familles médiocres avec deux, pauvres,
payait 10 touman (i6q francs de France).
Le gouvernement russe a changé cette imposition,
et l ’a réglée comme suit : elleestdel^fr.
par famille pour les villages qui produisent du
riz et du coton, de, 24 fr, pom* ceux qui cultivent
l’un ou l’autre, de 20 fr. pour ceux chez lesquels
ne prospère ni l’un ni l’autre.
A Koulpé, le 3S mars, nous, avions eu + iq° le
matin par une pluie douce.
A Amarat, le 19 , + phiie légère et
chaude; temps ¿ouvert.