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mes, tant cette vue nous serrait le coeur. La
santé, même l’apparence ne se montrait nulle
part.
Les Turcs qui composaient jadis la garnison*
et qui connaissaient fort bien la malheureuse influence
du climat, désertaient pendant les mois
d’été, et ne revenaient que quand le danger était
passé.
Des circonstances si fâcheuses n’ont pu forcer
la Russie à abandonner Poti ; Poti sera toujours
de la première importance et sous le rapport
militaire et sous le rapport commercial : il commande
l’entrée du fleuve. A peine en Rit-elle en
possession que le prince de Varsovie songea à
assainir Poti, et à en faire une forteresse de premier
rang, un port militaire et marchand, un
grand entrepôt de commerce, enfin de profiter
de sa position. On envoya des experts pour juger
des travaux nécessaires pour une aussi grande
entreprise.
Il n’est pas difficile de faire de Poti une forteresse
inexpugnable au milieu de tant d’eau et
de marais, dans un pays plat comme celui-là.
Mais la difficulté fut de faire un port. La mer, à
l’embouchure du Phase, ne forme ni baie, ni
rade, ni rien de semblable, tout comme à
Redoute-halé. Et le Phase me dira-t-on? Ce
fleuve , depuis Tchaladidi et au-dessus jusqu’à
son embouchure forme un beau canal large de
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125 toises, et de 12 à i 5 pieds de profondeur
environ : mais malheureusement l’entrée est
barrée comme celle de la Khopi, et il ne reste
qu’un chenal dont le fond et dont la position
varie chaque jour, selon le vent et selon le courant
de la rivière. Ce chenal, dans le temps des
plus hautes eaux du Phase, n’a tout au plus que
6 pieds de profondeur ; mais quand les eaux sont
le plus basses , il atteint jusqu’a io pieds et
même 12 pieds de profondeur.
La disposition des dépôts du fleuve dans la
mer est aussi remarquable, et peut servir à expliquer
la formation du lac Paléastome ; les allu-
vions se portent toujours à la droite du fleuve,
poussées par le courant qui dirige du sud au
nord. On peut jeter l’ancre à gauche de l’embouchure
du Phase à go pas du rivage, tandis que
du côté où se portent habituellement les dépôts
du fleuve, il se forme un banc de sable et de vase
d’un verst de large et qui avance d’un verst et
demi dans la mer. Sa profondeur commune est
de 6 à 8 pieds.
Telles étaient les circonstances locales quand
on songea à faire quelque chose de Poti.
On proposa d’encaisser le Phase avec des
digues, d’en nettoyer l’entrée, de faire deux
grandes jetées des deux côtés pour empêcher le
banc de sable d’empiéter sur le chenal, etc., etc.
Je n’ose dire la somme qui fut demandée pour