on ramassait le djéridqui était tombé : ici c’était
le combat de l’adresse de l homme et de la vigueur
des chevaux.
Quelquefois notre escorte d’honneur, composée
de 3o à 4° cavaliers armés tant persans,
arméniens que kourdes , se séparait en déüx
partis pour se livrer un combat simulé; ces
habiles cavaliers se liraient des coups de fusil,
de pistolet ; là le parti vaincu, chaudement poursuivi,
faisait volte-face au moment où l’on s’y
attendait le moins et tombait Sur l'ennemi téméraire,
qui prenait la fuite à son tour. Ils Se reposaient
un instant pour laisser les chevaux reprendre
baleine, et •s’observaient du Coin de
l’oeil pour recommencer bientôt après et Se
poursuivre à travers cette plaine magnifique ou
rien ne les arrêtait qu’un canal qu’ils traversaient
dans leur course rapide sans s’en douter, empor -
tés par leurs coursiers.
Quelques chutes , quelques actes de maladresse
excitaient les rires de toute la Caravane ,
et quelques plaisanteries que l’on Supportait
assez bien quand il s’agissait de sa propre maladresse;
on ne souffrait pas si facilement une
attaque faite à la réputation de son cheval;
chacun voulait avoir le meilleur.
Quelques-uns d’entre nous ou des 'Cosaques
s’avisaient aussi de se mêler à ces défis; mais ils
ne brillaient guère parmi ces enfants de l’Arménie.
Djalilbeg qui avait passé l’Araxe pour nous
rejoindre, montrait une adresse remarquable
dans tous ces jeux, ainsi que ses fils. Le père se
distinguait ici de ses enfants par la simplicité de
son costume et des ornements de sa bride, tandis
que les chevaux de ses fils étaient couverts
de plaques et de chaînes d’argent et d’autres
ornements.
Cependant toute la troupe s’arrête; amis et
ennemis se réunissent et Oublient leurs jeux;
chacun se range à son poste et ressent quelque inquiétude
à l’approche de ce village par où nous
devons passer. Une troupe brillante partie de là
accourt de nos côtés; mi nombre à peu près
égal se détache de notre corps et s’élance à leur
rencontre à un signal donné. On va examiner
qui sont ces nouveaux venus, amis ou ennemis.
— Amis! on se reconnaît, on se salue, et on s’avance
rapidement vers nous. A notre approche
toute la troupe se range sur une ligne et attend
à cheval le général.— On met pied à terre pour
venir à sa rencontre. On échange les compliments
de bienvenue, etc., et bientôt les nouveaux
venus reprennent place sur leurs chevaux, et
c’est nouvelle fêle, nouveaux combats, nouvelles
joûtes entre l’ancienne escorte et les nouveaux
venus; chacun veut montrer sa supériorité et
briller aux yeux du général, qui s’avance sans
trop se fatiguer et que ces jeux intéressent vi