elle était partagée en deux par une haute muraille
qu on avait ménagée dans le roc en l’exca-
vant, et ijui aboutissait justement entre le long
corridor et le salon des hommes. La partie
intérieure A était donc le vrai harem, la partie
inaccessible aux regards : la partie B était celle
des hommes.
Presque chaque habitation avait ainsi une terrasse
ou une petite cour fermée quelquefois par
un mur factice, quand on n’avait pu se. le ménager
dans le roc.
Quant aux chemins et aux rues n° 16 , ils
étaient tous tailles dans le ro c , les parties les
plus escarpees e(ant munies de degrés pour faciliter
la montée; les communications plus particulières
entre les maisons se faisaient par des
escaliers tres-étroits, vrais escaliers de poule.
Des canaux n° 11, ménagés le long des rues
recevaient toutes les eaux de pluie, et les écoulaient
dans des bassins creusés pour les recevoir;
car la ville n’avait pas d’autre eau que celle-là, et
celle du Kour qu’on allait chercher par un large
chemin souterrain n° 9, taillé, comme le reste,
entièrement dans le roc, et l’un des plus beaux
ouvrages de la ville. Le Kour, dans ce temps-là,
coulait au pied même du rocher; il en est éloigné
aujourd’hui de quelques cents pas. Peut-
être n’était-ce qu’un bras du fleuve qu’on avait
amené jusqu’à l’entrée du souterrain; les traces
de son ancien lit sont très-reconnaissables.
Comme la plupart des canauxpluviaux étaient
taillés sous le niveau même des rues, il a bien
fallu les recouvrir de dalles ou plutôt de madriers
; on voit les rainures dans lesquelles on
les faisait entrer.
Tout ce que je viens de dire d’Ouplostsikhé
prouve que cette ville ou forteresse si singulière
n’était pas simplement un heu de refuge, mais
que c’était un lieu de plaisance, où demeurait
une population amie des arts et qui les connaissait.
Le travail fini et exquis de la plupart des
salons n’est pas d’un peuple en fuite qui cherche
une retraite. '
Il est facile aussi de voir que ce n’est pas à la
nation qui habite à présent dans le pays, à la nation
géorgienne telle que nous la connaissons
actuellement, qu’il faut attribuer ces travaux;
car nulle part ni dans les habitations actuelles,
ni dans les ruines plus anciennes, soit églises, soit
ehâteaux, l’on ne trouve de traces de ce style
d’architecture.
Les fameuses grottes de Vardzie, dont la reine
Thamar fit tailler elle-même une partie pour lui
servir d’appartements d’été et d’hiver, sont bien
éloignées d’approcher de celles-ci ni pour le travail,
ni pour l’exécution.
Il faut remonter plus haut dans l’histoire, et
je ne crois pas trop hasarder en attribuant ces