A Djanat-abad, le 20 mars , à 6 heures du
matin, -f- 70|. Pluie pendant la nuit ; temps couvert
le matin.
Le 20 mars, nous partîmes de Djanat-abad
pour visiter l’Ararat et Arkhouri. A 10 verst de
Djanat-abad, nous passâmes par Hassan-abad,
village établi par Hassan , frère du sardar
Houssein ; nous longeâmes et nous tournâmes
ensuitè le pied du Tacheboüroun, grand promontoire
hérissé d’énormes blocs de lave noire,
et composé de coulées de lave que l’Ararat a versée
sur la plaine de l’Araxe.
A 10 vers! de HaSsan-abad, on se trouve au
bord du Karasou, ancien lit obstrué de l’Araxe,
lorsqu’il longeait le pied des montagnes. Sa largeur
est quelquefois d’un quart ou d’un demi-
verst, et il est creusé d’une dizaine de pieds
au-dessous du niveau de la plaine. Actuellement
il ne reste qu’un marais impraticable , dans
lequel jaillissent toutes les eaux du pied de
l’Ararat depuis le Boulak-bachi (tête de la source) .
J’ai eu l’occasion de remarquer plusieurs fois
que les montagnes volcaniques de l’Alaghèz et
de l’Ararat n’ont pas de rivière , malgré leur
élévation : toutes les eaux de pluie et des glaciers
se perdent dans les cendres et dans les
débris volcaniques, et ressortent au pied sur
l’argile feuilletée-, celles de l’Ararat se recueillent
dans la vastitude des marais du Karasou, couverts
de joncs et impénétrables.
Le point principal où 011 le traverse sur un
mauvais pont, est à 10 verst d’Hassan-abad.
Jusque-là la plaine est sans pierres. Nous avons
trouvé l’herbe de la cochenille arménienne, le
Dactylis litoralis, sur de grands emplacements
couverts d’efïlorescences salines.
Plusieurs parties de la grande plaine d’Arménie
sont ainsi salées. Selon l’opinion de quelques personnes,
l’Araxe, en passant auprès de la montagne
de sel de Koulpé, en emporte beaucoup de débris
dont il recouvre la plaine dans ses inondations.
Je crois qu’il n’est pas fîgpessaire de recourir à
cette cause pour comprendre comment de
grands espaces de terrains peuvent être salés
au pied de ces volcans, quand le sol ne consiste
qu’en débris volcaniques, cendres et scories :
cela s’explique de soi-même.
Sur ces espaces salés prospère une graminée
qui croît en grande abondance : elle recouvre
le sol, i° entre Khorvirab et Targalou ; 2° près
des bords du Karasou , au pied de l’Ararat ;
3° entre Devalou et le promontoire de Sada-
raki; 4° entre la Dagna et le village de Gkout-
chu , etc.
Au mois de mai, on voit éclore au pied de
cette plante la larve d’un insecte qui ressemble
beaucoup au Coccus polonicus, excepté qu’il est