Mais on reconnaît bien ici le goût fantastique
oriental que j ’avais déjà signalé dans plusieurs
édifices de l’Iméreth y comme dans l’ancienne
cathédrale de Koutaïs, etc. ; pas un chapiteau
ne se ressemble pour le travail; il en est de
même des voûtes et deà autres détails; la symétrie
n’est conservée qu’en gros et pour les
grandes dimensions.
Plusieurs longues inscriptions couvrent çà et
la les murailles ; les ancien^ Arméniens ont été ,
de tous les peuples, ceux qui ont le plus prodigué
ce genre de monument; il y aurait de quoi
faire un livre de toutes celles qui sont semées
de tous côtés à l’extérieur et à l’intérieur du
monastère. Ce que j ’admirai le plus ce sont deux
croix d’un travail très-- achevé, sculptées des
deux côtés de la porte.
Une porte qui correspond à celle d’entrée
conduit de ce premier sanctuaire ou oratoire
dans l’église même. Elle est bâtie en forme de
croix a cotes très-courts:. Il n’y a qu’un choeur
semi-circulaire auquel on monte par quatre à
cinq marches de côté, comme à Etchmiadzin.
On y conservait naguère la fameuse lancé sacrée
qui a donné son nom au monastère et dont
Tavernier a fait graver un dessin. Elle se garde
aujourd'hui à Etchmiadzin, où c’est une des
principales reliques.
L’église est éclairée en grande partie par un
dôme élevé, et n’a pour ornements que de longues
«inscriptions sur ses murailles. Je suis persuadé
que l’histoire d’Arménie gagnerait beaucoup
, si quelqu’un Voulait se charger de les
copier;et de les publier; mais il faut être Arménien
pour cela, et déjà on aurait pour plusieurs
journées de travail à les relever.
Toute l’église et même la coupole sont en
pierres de taille de lave grise.
Tels sont les édifices construits à l’extérieur
du rocher; à quoi j ’ajouterai que cette singulière
disposition d’un grand sanctuaire ou oratoire
semblable au pronaos des anciens qui précède
le lieu très-saint ou la vraie église, se voit
assez souvent en Arménie : je l’ai observée
même dans une église arménienne d’Elisabethpol
ou Gandja. Pour décrire maintenant les églises
et sanctuaires taillés dans le roc vif, rentrons
dans l’oratoire.
Au fond, du côté du nord, vous voyez déjà le
rocher taillé servir de muraille, et deux portes
s’ouvrent devant vous. Si vous entrez à gauche,
vous trouvez deux pièces consécutives qui ne
sont en petit qu’une répétition d’un vestibule
avec une église. Le vestibule n’a que 8 pas de
long et de large, et il n’est éclairé que par une
coupole en entonnoir, ornée d’arabesques, qui
traverse la voûte supérieure du rocher. Deux
arcades ou niches, séparées par des piliers, ren