vasses des montagnes; Il semblait que le dieu de
la foudre voulait encore proclamer son ancienne
majesté pendant que nous abordions cette roche
célèbre, couronnée jadis par un de ses temples
les plus fameux > qu’a remplacé le sanctuaire de
saint Grégoire»
Pour mettre le Comble à l’étrangeté de cette
traversée, une partie de nos gens s’etaient mis a
la nage pour faire passer nos chevaux : ceux-ci
lancés dans le fleuve, la foule qui était venue
nous assister à notre passage , les repoussait
quand ils voulaient revenir sur le bord , et par
des cris, par des menaces, les forçait à se laisser
entraîner par le courant et à atteindre l’autre
rive; ceux de nos gens qui s’étaient mis à la
nage, encourageaient les plus faibles par leurs
cris, se tenant à la crinière des plus vigoureux.
L ’Araxe était très-large , et il fallut près de
2 heures pour effectuer le passage de toute notre
caravane.
Nous allâmes en attendre la fin au monastère
même de Khorvirab, bâti sur l’assise d’un rocher
de dolomie (1) noire qui élève isolément
sa tête au bord de l’Araxe au milieu de la plaine
d’Arménie.
(*) Dolomie grise, grenue, ferrugineuse : une solution
dans l’acide muriatique, vaporisée jusqu’à sécheresse,
laisse un dépôt de magnésie et d’oxide de fer.
Ce monastère se compose d’une église, d’une
chapelle dédiée à saint Grégoire, et de quelques
bâtiments chétifs destinés à l’évêque et aux
moines ; une forte muraille avec une grande
porte d’entrée donne à l’ensemble de ces bâtiments
l’air d’un vieux château des bords du
Rhin.
La grande église décorée d’un dôme ne date
pas de plus de i 5o à 160 ans en arrière; pas une
seule inscription ancienne : parmi les modernes,
M. Kourganof m’en fît observer une, gravée sur
la muraille du portique au-dessus d’une tombe ,
où on lisait en vers arméniens ;
C’est ici le moine Johannès
Qui après sa mort
Deux fois s’est montré
En disant qu’il avait vu
Saint Grégoire
L’illuminât eur.
La chapelle de saint Grégoire est aussi de
construction moderne et recouvre la sainte
entrée du puits profond où Tiridate fit jeter
saint Grégoire l’illuminateur. On descend par
une échelle dans une espèce de tour souterraine
à i 5 ou 16 pieds au-dessous du pavé de la chapelle;
elle faisait sans doute partie de quelque ancienne
forteresse. Saint Grégoire passa i 3 ans au
fond de cette prison, conservé miraculeusement
àxm . 5i