en 1829. Il ne laissait qu’un fils en bas âge, dont
sa femme Sophie fut reconnue régente. Peu contente
de l’influence que la Russie exerçait sur les
affaires du pays, elle entretint des intelligences
avec les Turcs, espérant que ceux-ci l’affranchiraient
de la suzeraineté delà Russie. Craignantque
ses trames ne fussent connues, elle se sauva tout à
coup en Turquie, emmenant avec elle l’héritier ;
elle espérait revenir bientôt avec les Turcs vainqueurs.
Le sort des armes en a décidé autrement
: la reine Sophie végète en Anatolie, et les
Russes se sont emparés de ses états, qu’ils ont
fait administrer ad intérim, espérant que la reine
Sophie ferait sa soumission. On n’a pas touché au
palais, et on l’a abandonné à lui-même. Quand
la Russie a pris définitivement possession du
Gouria, tout cet édifice était tellement dégradé
qu’il aurait fallu des sommes considérables pour
le remettre en état. En l’achevant et en l’entretenant
dès l’origine, on aurait pu si bien y loger
toutes les autorités du pays , qui auraient eu des
logements vastes et sains, élevés au-dessus de
terre ; aujourd’hui, il n’y a plus que quelques
lambeaux de toit; les planchers sont déjà pourris
; tout se gâte ,— et à côté du palais les employés
russes se sont bâti de misérables baraques
en bois, sur terre, n’ayant de ce bel édifice
que la perspective. On a construit même une
caserne pour les soldats. La muraille , les bains,
les pavillons qui entouraient le palais du gou-
riel, ne sont pas en mêilleur état. Quelques sa-
cles qui appartenaient aux vassaux du ro i, qui
sont disséminées çà et là. Voilà tout ce qui compose
l’Ozourghéti actuel.
On pourra se faire une idée de sa position par
la vue que j ’en ai donnée dans mon atlas, IIe série,
pl. 10. Je l’ai dessinée du banc de pierre
d’une église qui domine la rive gauche de la
Bzoudji, et en regardant vers le nord. Le rideau
de collines basses boisées qui s’étendent derrière
Ozourghétiy sépare le bassin des nombreuses
rivières du Gouria de celui de la vraie Colchide
et du Phase. La seconde chaîne de montagnes
très-élevées qui dépasse ce premier rang comprend
les monts Ghélembor et Sakéra qui séparent
l’Odichi et la Mingrélie du pays des Soua-
nètes. La distance du point où je m’étais placé
est de 90 verst ou 22 f lieues de France. Pardessus
s’élèvent encore plus haut et dans la vraie
chaîne caucasienne l’Elbrous, qui est à i 5o verst
ou 37 | lieues de France, et le Djoumantau à
gauche plus rapproché de 7 lieues. Les plaque-
miniérs (Diospyrus lotus) qu’on aperçoit sur le
premier plan ont pris un singulier accroissement
par l’habitude où l’on est de les tailler pour que
la vigne que l’on fait grimper dessus soit plus à
l’aise et moins ombragée.
Je fus logé à Ozourghéti dans la chambre