Cette féodalité, qui prouve la grande parenté
de toutes les nations de race indo-germaniqiiè,
et qui nous mène sans effort des rives du Rhin
à celles de l’Indus, m’a paru encore plus intéressante
à étudier,' quand j ’ai retrouvé dans les
formes féodales de la Colchide les us spéciaux
de mon pays. L’on sait que les seigneurs germains,
outre le service et les corvees ordinaires,
croyaient avoir droit a des tailles extraordinaires
qu’ils prélevaient dans des moments critiqués.
Dans les anciens comtés de Neuchâtel et Valan-
gin , ces tailles avaient été réglées sous le nom
d’aides, et les comtes s’étaient engagés à n’exiger
ces aides que dans les cinq cas suivants. -
i° quand ils marieraient leur fille amee 5 2 quand
ils passeraient la mer ; 3° quand ils seraient faits
prisonniers ; 4° quand ils acquéreraient de nouvelles
terres | et enfin 5° lorsqu ils seraient faits
chevaliers.
Les aides existent aussi en Colchide. Un seigneur
a le droit d’exiger de ses vassaux une contribution
proportionnée à leur fortune, chaque
fois qu’il marie une de ses filles. Quand le seigneur
s’est ruiné* d’une manière ott d’une autre, qu il
a été fait prisonnier, nouveaux aides : nul n’ose
s’y refuser.
Les redevances ordinaires d’un vassal ou d’un
serf consistent non seulement en services et en
corvées ; il paie en sus à son seigneur un cens
qui équivaut environ au dixième de ce qu’il a
cultivé pour son propre compte. C’est ce qu’on
appelle Vimposition, qui est toujours [plus ou
moins arbitraire de la part du seigneur : car il
n’est dit nulle part sur quelle base fixe cette
taxation doit se faire. La porte est ou ver te* à tous
les abus, à toutes les vexations que peuvent commettre
de mauvais seigneurs.
Comme dans notre ancienne constitution féodale
, un seigneur peut être vassal d’un prince
ou d’un autre seigneur qui a aussi des droits sur
lui et qui fait même travailler ses paysans pour
lui ; ce sont les rapports de foi et d’hommage du
domicellus et du dominus.
Dadian, vassal de l’empire russe, est le dominus
de tous les grands feudataires qui possèdent
des biens considérables dans ses états; ils
lui doivent le service à la guerre, dans son palais,
l’imposition, tout comme ils les exigent de leurs
vassaux. Ces grands feudataires portent le titre
de princes.
Ces rapports féodaux, comme l’on voit, sont
très-multipliés, et un paysan serf peut être souvent
obligé à trois redevances à la fois, l’une
envers son seigneur immédiat, l’autre envers le
suzerain, la troisième envers le souverain ou
dominus.
La marge est large pour l’arbitraire, qui ne
paraît tel ni aux seigneurs ni à Dadian. Elevés
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