voya par un ange une pièce de l’arche, en lui
faisant dire de ne plus se fatiguer inutilement.
C’est pour cette sainte relique qu’on tailla dans
te roc vif l’une des belles églises de Kieghart.
La place où saint Jacques se retrouvait chaque
matin, fut consacrée par le petit monastère que
je viens de décrire. Tournefort le trouva abandonné
dans son ascension de l’Ararat. M. Parrot
vint y établir son quartier général.
J’aurais bien voulu essayer aussi mes forces,
mais je ne pus pas même parvenir à la fontaine
et à la petite chapelle de St.-Jacques qui est à
trois quarts de lieue au-dessus du monastère,
tant la neige était profonde et humide.
J’explorai les pentes du précipice, espérant y
trouver la roche surplace, ou une coulée de
lave à nu; je n’y vis que des débris volcaniques
entassés pêle-mêle, d’énormes fragments de mé-
laphyre qui avaient jusqu’à 1o et i 5 pieds de
diamètre, enterrés dans le sable volcanique et les
lapilïis. La teinte de ces mélaphyres recuits va—,
rie du noir au rouge. M. le professeur Gustave
Rosen, qui a eu la bonté de déterminer les
fragments que j ’ai rapportés, décrit l’un de ces
mélaphyres comme une pâte noirâtre, très-poreuse,
dans laquelle gisent de nombreux cristaux
très-petits de labrador blanc. Dans une
autre variété, il a trouvé que la pâte, outre un
plus grand nombre de cristaux de labrador, ren-a.
ferme aussi des cristaux isolés de pyroxène d’un
vert noirâtre (i).
Cette crevasse ou fente énorme, au fond de
laquelle coule le ruisseau d’Arkhouri, en remontant
au-dessus du monastère de St.-Jacques,
se partage en deux branches ; l’une se dirige vers
le coeur de la montagne, tandis que 1 autre la
flanque à droite ; c’est dans cet embranchement
qu’on remarque encore quelques ruines d’habitations
complètement oubliées (2).
Tournefort a vu au fond de ces précipices des
(1) Roches de l’Ararat décrites par Gustave Rosen :
i° Porphyre pyroxénique ou mélaphyre : pâte d’un
noir grisâtre, très-poreuse, dans laquelle gisent de nombreux
petits cristaux d’une ligne de grosseur de labrador
blanc.
20 Porphyre pyroxénique ou mélaphyre, rempli de
cavités plus petites, mais plus nombreuses ; la pâte qui
tapisse immédiatement les cavités est d’un rouge de tuile,
formant une croûte mince tout autour. Les cristaux de
labrador empâtés dans la masse sont un peu plus grands
çt plus rares. Outre cela, la pâte contient des cristaux
isolés de pyi’oxène d’un v„ert noirâtre.
3° Porphyre pyroxénique ou mélaphyre. Pâte d’un
gris noirâtre, à cassure inégale et finement écailleuse,
dans laquelle gisent çà et là des cristaux d’une et demie à
deux lignes de pyroxène d’un vert d’herbe.
(2) On pourra avoir une idée de la disppsition de cette
crevasse et de l’ensemble de l’Ararat dans un dessin que
je me propose d’ajouter à la pl. 34, IIe série, qui déjà
donne une vue en petit de l’Ararat.