Français, que de façonner son gosier aux g des
Géorgiens, aux ga, gue, gui, go simple, au ga
grasseyant, au gka dur, mais sans aspiration,
au gkha dur et aspiré, au gk’hha très-dur.
Le souper qu’on nous servit sur de superbes
plateaux, se composait de plusieurs mets remarquables.
D’abord d’une soupe aigre qu’on
nomme tcliek’ liertma et qu’on fait à la viande,
à la poule, en y mêlant des oeufs; d’une autre
soupe appelée arianachi, faite de lait aigri avec
des herbes. Le lait aigri tout simplement s’appelle
khathoFt. Pour pain nous n’avions que
de la lavache ou galette mince.
Le lendemain i 4 mars nous continuâmes toujours
en plaine notre route, escortés de notre
hôte, de ses fils et d’une partie des habitants
d’Agdja—Arkh et des villages voisins.
Entre Courougoudan (1) et Chagriar (2}, au
milieu de ces campagnes unies, nous passâmes
au pied d’une colline de lave rougeâtre, isolée,
déchirée, nommee Topadcbi* Son sommet elevc
de 3oo pieds au-dessus de la plaine est couvert
d’une ruine et d’une muraille. Ce sont les ves-
(t) Gourdougouli, Klap. Mém. relatifs à l’Asie, p. 297.
Il'est à une distance de 5 lieues d’Etchmiadzin ; on y voit
vme colline très-haute, et les habitants du pays prétendent
que c’est là que l’empereur Julien perdit la bataille
qui lui coûta la vie.
(2) Ancien faubourg d’Armavir.
tiges de l’ancienne forteresse d’Armavir , dont
M. St-Martin ne sait pas déterminer la position.
Autour du pied de cette colline était la ville; il
n’en reste pas les moindres traces, si l’on en
excepte deux ou trois places couvertes de pierres
éparses autour de quelques pans de murs construits
en chaux, qui faisaient partie d’édifices
plus considérables que les maisons ordinaires. Il
en est d’Armavir comme de Vagharchabad, d’Ar-
dachar; on ne s’étonne pas de les voir effacées
quand on connaît l’usage du pays de tout construire
en terre glaise. D’ailleurs le sardar Hous-
sein a fait prendre dans ces ruines la majeure
partie des matériaux dont il s’est servi pour construire
la forteresse de Sardarabad.
Armavir, selon les Arméniens, fut fondée
2000 ans avant J.-G. par le roi Armais, et elle
fut pendant dix-huit siècles la résidence des rois
d’Arménie (1).
Chevauchant gaîment, nous atteignîmes, vis-
à-vis de Sourmali, le bord de l’Araxe. Son lit,
qui est à 3 ou 4oo pieds de profondeur au-dessous
du niveau de la plaine, est creusé dans une
étroite vallée d’argile feuilletée jaunâtre ou ver-
(1) Saint-Martin, I. c. I, 124. M. E. A. Herrmann ,
dans sa Description de l’Arménie russe, d’après les auteurs
arméniens, transporte à Sourmali les ruines d’Armavir,
p. 18. >;