Au coucher du soleil, il descendit jusqu’à
i 3° ^ et le lendemain au lever du soleil, à 20°
( 7 février ); à 9 heures, il était entre i 5 ’.
Le village de Tchoubouklou existe depuis
quatre ans, et les Arméniens qui l’habitent et
qui sont habillés à la turque viennent des environs
de Bajazet, pays des Kourdes. On leur
donne quelquefois le nom de Kourdes au heu de
celui d’Arméniens ; mais ils regardent cette dénomination
comme une grande insulte. Ils parlent
également le turc et l’arménien ; ils ont une
église et un prêtre. Ils cultivent d’excellent
froment, possèdent de fort beaux pâturages et
jouissent déjà d’une assez grande aisance.
Tchàgris. — Randamal. — Eglise de Kétcharousse. —■
Karavansérai - Karniéghin. \ 9 février 1834*
Pour visiter l’île de Sévang, je voulais côtoyer
les bords du lac, afin d’y arriver par le plus
court chemin; mais cette route, qui est la plus
commode en été, était devenue impraticable,
parce que longeant les collines très-escarpées,
je trouvai toute la neige poussée par le vent
entassée au pied sur le bord du lac, formant des
amas de plusieurs toises de profondeur.
On se propose de faire passer la nouvelle
route par-là ; je doute qu’elle reste praticable en
hiver.
Je fus donc obligé de passer par-dessus une
chaîne de collines et de monter dans la neige
jnsqu’à 1,000 pieds et plus an-dessus du niveau
du lac où j ’examinai mon thermomètre qui montrait
de i 3 à i 4°.
Arrêté et, avide de connaître l'immense étendue
d’un nouveau paysage qui s’étendait comme
par féerie à mes pieds, je demande à mon guide
ce que sont ces deux énormes pyramides d’un
blanc azuré qui s’élèvent bien loin au sud derrière
les cimes éclatantes qui sont devant nous :
déjà du haut des sommités de l’Echak-Meidan je
les avais entrevues, et mes yeux n’y avaient vu
que des formes bizarres de nuages ; mais aujourd’hui
elles sont encore là : ce sont des montagnes
, et mon coeur palpite quand mon guide
me nomme l’Ararat ! l’Ararat que l’Arménien
appelle Masis et le Persan Agherdagh (montagne
escarpée). Enfin je l’ai vu, et cette apparition
soudaine me récompense de bien des années de
fatigues et de peines.
Maintenant quel est ce colosse énorme qui
s’élève à l’ouest avec sa cime conique tronquée,
comme celle d’un cratère. C’est l’Alaghèze dont
les vaste contreforts ceignent le côté septentrional
du bassin de l’Arménie.
Nops descendîmes par un large ravin qui débouche
dans la prétendue plaine qui s’ouvre
entre le lac et la Zenga. Partout nous avions