souhaite à tout le monde la réception amicale
qu’on m’a faite. En prenant congé, l’archevêque
Simon me recommanda bien de ne pas oublier
son nom, et, pour être plus sûr de la chose, il me
fit tirer mon carnet et me le fit écrire devant lui
en toutes lettres. Il savait bien, disait-il, que je
faisais des livres.
L ’église élevée en mémoire du martyre de
sainte Hripsimé est plus vaste que celle de Sainte-
Caïane. Elle est bâtie en forme de croix, avec
une coupole au milieu. La forme qu’on retrouve
ici a servi de type à une foule d’autres églises ;
j ’ai déjà dit que l’église de Sion près d’Athènes,
bâtie par un architecte arménien, paraissait être
une copie de celle-ci. Mais l’église de Sion est
régulière, tandis que celle-ci semble être l’un
des premiers essais de l’architecture sacrée. La
voûte du dôme est elliptique à cause de l’inégalité
des absides, ce qüe je n’ai vu nulle part.
Si l’histoire a raison d’attribuer cet édifice aü règne
de Tiridate, il ferait fort probable que ce serait
l’une de ces premières tentatives que l’on fit
sous ce roi et sous Constantin pour placer une
coupole sur le centre dé l’édifice en croix. Aga-
thangelus, si je ne me trompe, raconte que 81
coupoles s’écroulèrent sous Constantin avant
qu’on eût trouvé les justes proportions des pendentifs.
On a imité, dans la coupole, des rayons en relief
qui partent de la clef de la voûte. La coupole
est basse, mais elle est moins écrasée que celle
de Sion.
.L ’extérieur est aussi remarquable que l’intérieur
pour l’histoire de l’architecture ; on y voit
les premières ébauches de ces grandes niches si
perfectionnées à Koutaïs : chaque façade en a
deux (1). *
On me fit descendre dans un caveau étroit et
bas, placé sous le maître-autel : on dit que Tiridate
Chrétien fit déposer ici les restes de sainte
Hripsimé ; on ne me montra que les pierres qui
furent tachées de son sang ; le reste avait disparu.
Les Barbares, qui ont tant de fois dévasté
l’Arménie, n’ont laissé que cela dans le caveau;
ils ont souillé, éparpillé les reliques, emportant
les richesses qui les entouraient.
Le prêtre moine qui dessert cette église m’offrit
une collation fort gracieusement, et, très-
satisfait, je repris ma route vers Erivan, où je me
reposai quelques jours à écrire et dessiner avant
de recommencer une nouvelle course.
( i ) Voyez la vue et le plan de cet édifice, atlas, IIIe série,
pl. 8.
*