ces travaux; elle m’a paru fabuleuse. Au milieu
de ces beaux projets, vint la guerre de Pologne,
et Poti fut négligé pour quelque temps. Mais dès
que la paix fut rétablie, et que le baron Rosen
eut été nommé gouverneur-général du Caucase,
l’ancien projet futrepris. Tant d’argent effrayait ;
on voulait famé la chose à moins de frais.
Une petite rivalité mit quelque entrave à
toute l’entreprise. En élevant Poti, on abandonnait
Redoute-kalé, qui eut ses défenseurs,
qui allèrent jusqu’a supposer quil serait plus facile
de faire à Redoute-kalé, à l’entrée de la Kho-
pi, ce que l’on voulait faire à l’entrée du Phase,
les vaisseaux ayant ici un courant plus difficile
à surmonter que dans l’autre rivière : l’indéci-
gyr le parti a prendre subsistait toujours
q u a n d j ’arrivai a Tiflis.
Appelé par le baron de Rosen à donner mon
avis sur tous ces nouveaux projets, je commençai
par lui montrer combien toutes ces grandes questions
étaient dépendantes d’un premier point,
l’assainissement de Poti, sans quoi tout le reste
serait inutile. L’un des colonels, lui dis-je, que
vous avez consultés, veut fermer l’une des principales
embouchures du Phase, celle de droite,
au-dessus de l’île qui est en face de la forteresse ;
l’autre parle de tirer un canal du lac à la mer et
d’en faire un port en abandonnant le Phase.
Ni l’un ni l’autre de ces projets n’assainira Poti
d’une manière sensible ; vous aurez toujours les
eaux corrompues de Paléastome, les marais
stagnants et des inondations. Je ne connais qu’un
seul moyen d’obvier jusqu’à un certain point à
tous ces désagréments : c’est de faire rentrer,
comme très-anciennement, le Phase dans le lac
Paléastome, de donner de la vie à ce lac, et de
l’écouler soit par son canal actuel, ce qui ne serait
qu’une demi-mesure, soit en creusant un
nouveau canal entre la colonie militaire et le
Phase, ce qui serait le plus court et le plus sur
moyen. Bouchant l’une des embouchures comme
l’un des colonels l’a proposé, vous auriez au meilleur
marché tout ce qu’on peut espérer de la
position de Poti. On raccourcirait de quelques
verst le cours du Phase, auquel on donnerait
un courant plus fort pour vaincre la barre ; une
partie du limon se déposerait dans le lac et n’encombrerait
plus l’embouchure du Phase. Enfin
j’ajoutai à ce que je viens de dire tout ce que je
savais de l’histoire du sol de Phasis, comme je
l’ai décrit plus haut.
Je ne sais quels furent les résultats de mes observations
: Poti est toujours horriblement, malsain,
malgré les coupes de bois que l’on a faites
pour donner accès libre aux vents. Redoute-
Kalé est abandonné, comme position militaire,
et la grande route a été transportée sur la rive
eauche du Phase.
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