Vis-à-vis de Sazivitsikhé, sur l’autre rive de
la Tana, se dessine, sur le sommet d’un énorme
rocher, trois fois plus élevé que celui de Sazi-
vitsikhé, la forteresse de Azéristsikhé, dominée
par une église géorgienne.
Je visitai une troisième petite forteresse derrière
la vallée de Tskhédissi; mais je n’eus pas lieu
d’être fort flatté de mes recherches ; ce n’était
aussi qu’une simple muraille en pierres et en
glaise comme Sazivitsikhé, où il n’y avait pas
même une petite chapelle comme dans celle-ci.
En tournant ensuite autour du sommet de la
haute colline qui borde le Kour, pour arriver à
Gorisdjevari, je descendis dans une espèce de
combe, où je retrouvai derechef une église et
les ruines d’un village.
Gorisdjevari, ou la croix de St-George, est un
pic avancé des collines de molasse, et peut être
élevé de 6 à 700 pieds au-dessus du niveau du
Kour. Au milieu d’une forteresse assez vaste,
jadis construite avec beaucoup de soin, et restaurée
ou agrandie avec des pierres liées par de
la glaise dans des temps plus modernes, s’élève
l’ancienne église de St-George, avec quatre têtes
de béliers grossièrement sculptées sur les quatre
frontons. Cette église est fort ancienne et peut
être antérieure à la reine Tamar ; car ce fut sa
fille Roussoudan qui fit construire l’aquéduc
dont on voit encore des traces et qui menait
l’eau de la montagne Berthi à Gorisdjevari.
On conserve dans l’église la tête de St-George
le Taumaturge, qui attirait jadis de nombreux
pèlerins; aujourd’hui encore au jour de sa fête,
un prêtre vient y officier et y attire une foule de
monde. Je trouvai, comme témoignage de la
ferveur des pèlerins ou des pèlerines plutôt, l’église
entière entourée d’un fil de coton qui en
faisait deux ou trois fois le tour; je distinguai
plusieurs de ces fils, ainsi que des mèches, des
écheveaux de coton, des boules de cire, et même
des monnaies déposées sur le seuil des portes.
Je vis aussi une main de fer et des fers de chevaux
cloués sur la porte principale ; d’autres de
chevaux, d’ânes ou de mulets décoraient la porte
de la tour d’entrée.
Du reste, pas un seul habitant ; je me promenai
partout, je grimpai sur les créneaux; pas une
âme pour m’expliquer bien des choses que j’aurais
voulu demander. Depuis que j ’avais quitté
André, j ’avais visité sept églises, quatre forteresses,
trois villages et pas un être vivant. Est-ce
que la main de la désolation repose assez cruellement
sur ces contrées?