de Solalaki, sur le sommet de laquelle vous
voyez une longue forteresse ruinée nommée
Narikala, qu’une longue muraille unit au château
ruiné de Châhi-takht (trône du chah) (1).
Le côté gauche du Kour est si étroit qu’il n’y
a qu’une rangée de maisons contre une paroi
noire à pic. C’est ce quartier du faubourg
d’Avlabar qu’on appelle les Sables. Le sommet
de la montagne est occupé par la ville nouvelle
d’Avlabar, la prison, les casernes, l’hôpital, etc.
Maintenant cherchez dans le quartier des
Sables une maison basse avec une longue galerie
devant. C’est ma résidence. Cette galerie fait
mes délices pendant les belles journées; toute,
la ville se présente comme en amphithéâtre à
mes y eu x , et la nuit des milliers de lumières
rivalisent avec les étoiles du firmament, percent
l’obscurité du paysage dans lequel des masses
informes se dessinent comme des ombres gigantesques,
tandis que-le Kour seul a remplacé par
son sourd mugissement les longues rumeurs des
habitants, qui se sont éteintes avec la nuit. Chacun
a quitté sa boutique ou son atelier du bazar;,
pour se retirer chez soi et prendre le repas du
soir, le principal de la journée.
Mais ce n’est pas cette heure que nous choisirons
pour faire une excursion dans ce labyrinthe
(1) Vôyez Atlas, II* série, pl. 54'-
de places, de rues tortueuses, d’édifices bizarres.
La matinée est belle ; le soleil a deja réchauffé
l’atmosphère,. rafraîchie par les brises d’une
nuit sans nuage. Vous voyez en descendant de
la galerie ces centaines de chameaux qui bordent
la rue, arrivés avec une caravane. Oh ! quelle
désarmonie que leurs cris ! Passons et cherchons
mieux.
Echappés à cette fonle aux longs cous, nous
n’aurons pas fait cent pas que nous aurons affaire
aux longues oreilles. A peine pourrons-
nous passer à travers des bataillons d’ânes dont
le rendez-Vous est ici tout près sur le marché
de la paille hachée , ’ que ces pauvres petites
bêtes apportent dans des sacs des villages voisins.
C’est presque la seule nourriture des chevaux
du pays .
Nous nous hâterons en passant devant ce ca-
ravansérai dont l’odeur qui s’en exhale se répand
au loin : on n’y vend que du poisson sec.
Ce n’est pas ce qu’il y a de plus appétissant que
cet immense local ; mais il n’y en a pas de meilleur
rapport dans cette ville ; car on' jeûne
encore en Géorgie avec toute la rigidité des
temps antiques.
D’ici nous allons tourner au pied de la nouvelle
forteresse et prison d’état dominée par la
vénérable coupole de l’église de la Rupture ou
Métékhi; sâ forme et surtout sa teinte sombre