Mamgon du Djénesdan pour combattre les
Seghouniens et s’emparer de leur pays dont il
lui abandonna la possession. Puis il marcha en
personne contre les peuples du nord, qu’il Vainquit
dans une grande bataille et qu’il força à
repasser le Caucase/Oda Artavast mourut dans
cette bataille.
Tiridate termina le cours de ses victoires en
entrant en Perse avec les Romains et en remportant
de brillants exploits : il rentra dans ses
états chargé de butin, et régna ensuite fort
tranquillement pendant 56 ans.
Mais ce ne furent pas seulement ses victoires
qui rendirent le règne de Tiridate remarquable. #
Ce fut sous son règne* que l’Arménie se conver— *
tit au christianisme, et ce fut dans les murs de
Yagarchabad que Ce grand changement s’opéra.
Tiridate, imbu des préjugés de Rome, avait
d’abord proscrit et persécuté dans ses états la
religion chrétienne : peut-être s’y mêlait-il aussi
quelque ressentiment particulier. Car après
l’assassinat de son père Khosrov, son perfide et
lâche meurtrier Anag avait été massacré avec
toute sa famille, à l’exception de deux de ses
fils, dont l’un fut conduit à Césàrée de Cappa-
doce, où il fut élevé dans la religion chrétienne
sous le nom de Grégoire; et ce fut précisément
ce Grégoire qui vint prêcher le christianisme à
l’Arménie et à Tiridate, qui, selon l’histoire, le
fit jeter dans un puits profond pour le punir de
sa témérité. Grégoire resta i 3 ans dans ce puits,
priant Dieu d’éclairer son ennemi, et professant
avec foi et constance le saint nom de J.-C. Je
visitai plus tard ce puits célèbre à Khorvirab
(puits sec, en arménien).
Grégoire ne fut pas la seule victime de la
haine de Tiridate poür le christianisme. Pendant
qu’il faisait sa triste pénitence, il vint de
l’enipire romain une dame de race royale, nommée
Hripsimé ou Ripsimé (î).
Elle était chrétienne. La chronique géorgienne
prétend qu’un des Césars en devint amoureux,
et que la crainte qu’inspira à Hripsimé une union
impure avec un païen, la porta à s’enfuir et à
chercher un refuge en Arménie, où elle arriva accompagnée
de sa nourrice Gaïane ou Caïane(2),
de sainte-Ninon et de 5o autres personnes. Elle
se rendit à Akhal-Khalakhi ou Nor-Ehaghakh,
nom que portait alors la ville de Yagarchabad,
dans ce temps la plus belle du pays et la résidence
de rois*.
Mais elle n’y demeura pas longtemps incon-
(1) Chronique de Vakhtang V , de Klaproth, JI, p. 162
etseq., édit. allem.
(2) Une autre légende dit que sainte Caïane était abbesse
d’un couvent d’Italie d’où elle se sauva avec sainte
Ripsimé ; cette même légende ajoute qu’elle eut la tête
tranchée près de l’endroit où sainte Ripsimé fut lapidée.;