comme des étages. Leurs flancs déchirés, leurs
crêtes crénelées sont suspendue sur l’abîme.
Des rangs entiers d’aiguilles et d’obélisques, plus
grands que ceux d’Egypte, couronnent des corniches
menaçantes; des antres caverneux minent
çà et là le pieds des roches. Ces parois sont
rouges de feu, de tuiles, jaunes, noircies, brunes,
grises ; toutes ces couleurs sont mêlées. On peut
juger de l’effet que doivent produire en été ces
murailles sur les lambeaux de plate-formes de
verdure qui se sont risquées au milieu de ce
chaos.
Quelquefois un massif d’une centaine de pieds
de hauteur s’est détaché de la roche principale
et est resté appuyé comme une sentinelle au
pied d’une tour.
Au fond de la vallée, sur les pentes, tout est
bloc écroulé, roc brisé. Quelques arbustes se
montrent semés par bouquets le long du ruisseau.
Tel est le paysage grandiose et sévère qui
prépare la pensée à l’abord de ce saint monastère.
Vous ne le voyez pas d’abord. Mais tournez
cet angle à travers un chaos de blocs redressés,
et vous l’apercevrez dans le fond /le la
vallée. Vous distinguez ce qui est visible des
édifices, acollés contre un rocher et occupant
une étroite terrasse ménagée par la nature et
suspendue sur le précipice de la Karhni-tcliai(i).
B ien tô t vous voilà à la porte d’entrée, grande,
décorée de croix : à droite se présente un long
bâtiment où étaient les cellules des moines , etc.
à gauche, vous avez devant vous un grand édifice
en pierres de taille de lave grise, très-simple
à l’extérieur.
Vous entrez par une seule porte à l’ouest, et
vous vous trouvez dans un premier sanctuaire
ou oratoire d’un travail remarquable (2).
Sa forme rappelle l’église d’Etchmiadzin.
Quatre grosses colonnes d’un travail oriental
avec de lourds chapiteaux, d’énormes bases, en
forment le centres, et supportent une coupole
carrée ornée de caissons d’un travail magnifique
et presque unique dans son genre. Par là
pénètre la seule lumière qui éclaire le sanctuaire.
On y retrouve le type ancien des formes arabes
ou mauresques dont les Turcs et les Persans
ornent leurs niches et quelquefois leurs voûtes.
Huit autres cintres qui reposent sur ces colonnes
partagent le reste de l’édifice en huit
voûtes; quelques-unes sont en plein-cintre;
d’autres sont plates, décorées de caissons, et
d’autres ornements supérieurement exécutés.,
(1) La vue générale du monastère de Kieghart, IIe sé-
rie, pl. 35, a été*prise de là.
(a) Voyez atlas, IIIe série, pl. 10.