un chemin à travers les chênes, les châtaigniers
et les touffes de rhododendron superbes qui
recouvraient ces pentes très-escarpées ;. elles
consistaient en une masse jaunâtre micacée
amalgama it des masses porphyriques ; de vrais
jets porphyriques surgissaient çà et là.
Arrivé au sommet où je trouvai le rhododendron
ponticum en fleurs et la grande airelle du
Caucase (Vaccinium arctostaphylos) couverte de
fruits noirs oblongs et ronds entremêlés de
fleurs, j’eus le superbe spectacle du coucher du
soleil au-delà du bandeau brillant de la mer,
tandis que mes yeux erraient sur le paysage
le plus immense qu’on puisse ¡imaginer. Sans
compter tous les détails d’un lointain aussi vaste
que celui de la chaîne du Caucase, j ’avais à mes
pieds tout le Gouria qui s’étendait comme une
carte de géographie. Je planais sur Tchamok-
modi, surLikaouri,sur Ozourghéti; 3e suivais des
yeux toutes les rivières qui se promenaient dans
ce fertile paysage, dans cette corbeille de verdure.
Seul sur la cime de ces montagnes sauvages,
quelle poésie je trouvais dans un moment, en
face d’une vue pareille. L’âme s’agrandit et conçoit
de grandes pensées; le coeur s’ouvre à des
sentiments de paix et de confiance qu’il puise
dans la magnificence de la nature.
Le 8 octobre , nous atteignîmes la base du
rocher autour duquel tourne la Bakouitskali et
qui porte le château d’Askana. Un sentier étroit
se glisse le long des abîmes, serpente au milieu
d’énormes blocs de porphyre bleuâtre que couronnent
des touffes superbes de végétation, au
milieu desquelles pendent les grosses grappes des
fleurs du rhododendron, et sur l’extrémité d’un
long dos d’âne, que nous eûmes toutes les peines
à escalader, nous atteignons enfin le château
groupé sur plusieurs pics déchirés. On a profité
de tous les accidents du sol pour en assurer la
défense. Point d’autre entrée qu’une longue
échelle appuyée contre le rocher.
Tout le château consiste en deux tours, en
quelques sacles de bois et en une chapelle à
moitié taillée dans le porphyre. Le centre est
occupé par quelques gros blocs de porphyre
bleu qui ont été taillés en citernes, pour y recueillir
les eaux de pluie qu’on y amène des toits
et des surfaces du rocher, par des rigoles taillées
dans le roc vif et par des chéneaux.
Un beau berceau de vigne recouvre en partie
la sacle principale; le figuier et le rhododendron
tapissent les murs et les rochers et en disputent
au lierre les surfaces.
Ce château a été renouvelé en l’an i 8o5, par le
goitriel, qui en avait fait sa prison d’état. J’y ai
vu quelques prisonniers, et entr’autres un Gou-
riellien qui se promenait dans l’enceinte du château
, enchaîné à son fils qu’il ne pouvait quitter