beaucoup plus gros et qu’il approche de la taille
de la ’vraie cochenille. Cet insecte se nourrit de
cette plante qu’il recouvre en si grande quantité
que quand les bergers mènent leurs troupeaux
à travers la plaine salée pour les abreuver
à l’Araxe, ils paraissent comme ensanglantés.
Il est connu en Arménie depuis fort longtemps
; car l’auteur de la Géographie attribuée
laussement à Moyse de Khorène , en fait mention
en parlant de la province d’Ararad. « On y
trouve, dit-il, un ver qui naît de la racine d’une
plante et qui fournit la couleur rouge (i). »
Depuis longtemps les moines d’Etchmiadzin
recueillent cet insectq^pour en tirer une couleur
rouge fort belle dont ils se servent pour transcrire
leurs livrés saints* Je m’informai auprès de
l’évêquê ISaak de quelques particularités sur la
manière de l’employer. Selon lu i, on recueille
la cochenille arménienne depuis la mi-juillet
jusqu’à la fin d’août : un homme peut en récolter
une demi-livre par jour.
Un des grands inconvénients qu’on lui a trouvé
c’est qu’elle renferme beaucoup d’huile animale,
dont il est difficile de séparer la couleur ;
( 1 ) Saint-Martin, Mémoires sur l’Arménie, II, p. 367.
On peut consulter aussi J. Hamel, XJeber Cochenille am
Araral, Mémoires de l’Académie de Saint-Pétersbourg ,
in-fol. i834-
le comte Hosen a fait faire plusieurs essais qui
n’ont pas complètement réussi. J’ignore ce que
l’on a fait depuis moi. !
De l’autre Côté du Karasoù * nous eûmes encore
un bout de plaine de 4 verst jusqu’au pied
de -l’Ararat : le sol se compose d’un sable volcanique
noir et rouge dans lequel Croît en quantité
l’arbuste que Tournefort a nommé, dans ses
Coroll* Inst. Rei herbar: 47 1 Pûlygono'ides
orientale Ephedræ facie ; c ’est le Calligonum de
Linn. Spec. plant* p. 748. Voyez Tourne-
fort, 34o, IIÏ,
L’étroite lisière des bords duKarasou sert particulièrement
de refuge en hiver aux Kourdes,
que nous trouvâmes quittant déjà leurs huttes
de terre pour s’établir sous leurs tentés de feutre
noir, disséminées par groupés sur lés bords de la
rivière. On ne peut rien voir de plus salé que ces
huttes d’hiver * Ils ont raison de se hâter d’en
sortir pour s’établir sous leurs tentés, qui sont
assez vastes pour renfermer tout ce qtfils ont
a loger, chevaux, chèvres, été. Lés bouts de
devant sont relevés et la tente est ouverte, de
façon qu’on voit tout ce qui se passe au dedans.
La richesse des Kourdes consiste en bétail,
chevaux, moutons, lait, beurre, fromage, etc.
Mais ils ne cultivent pas de blé : ils l’achètent
des Arméniens par échange. Lorsque la chaleur
de la plaine dessèche les pâturages, ils émigrent