montagnes de porphyre qui l’entourent d’un
coté, les pics volcaniques qui l’encaissent de
l’autre, blancs de neige, et à peine tachetés çà
et la des couleurs noires de leurs flancs à pic ou
déchirés. Autour de Tchoubouklou jusqu’au lac
Sévang, pas une tache sur une neige de 1 à
2 pieds qui recouvre les champs et les montagnes
, excepté quelques points noirs qui marquent
les cheminées et les tas de Kessek du
village à moitié dans la te rre , comme presque
tous les villages du pays. Il me fallut prendre
courage, pour ne pas gémir d’un pareil
désappointement, et nous nous hâtâmes de
descendre pour trouver un abri contre le froid
dont l’intensité devenait désagréable.
Car à Dilijan, le 6 février au lever du soleil,
le thermomètre montrait — 7 à 8° sans vent.
A 4oo pieds à peu près au-dessous du col de
l’Echak-Meidan, nous avions déjà — i l 0. Lèvent
se faisait à peine sentir.
Mais au point de partage où le vent soufflait
avec violence, le froid était de — 15°. Certes il
n’y avait pas à gémir et à hésiter longtemps,
étant à cheval : nous eûmes toutes les peines du
monde à nous préserver d’être gelés, et si notre
eourse eût duré plus longlems, je ne sais pas ce
que nous serions devenus.
A peine arrivé et reposé quelques instans à
Tchoubouklou, malgré le froid, je courus au
lac. Une pente de 4 à 5oo pieds y mène du vil-
lage, et j ’y arrivai à travers une neige profonde
qui faillit m’arrêter dans mon pèlerinage : heureusement
je trouvai un sentier de pêcheurs qui
y conduisait directement* La glace était assez
épaisse pour permettre de se promener en long
et en large en toute sécurité, et cependant le lac
en général n’était pris que depuis trois jours ;
c’est-à-dire qu’il n’avait commencé à geler que
vers le 4 février* tandis que cette neige profonde
qu’on voyait partout était déjà tombée pour la
pluS grande partie depuis deux mois.
Le vent se faisait sentir sur le lac, et le thermomètre
montrait, à 3 heures après midi, -— 1 1°,
par un ciel assez serein*
Je me promenai le long du bord, jusqu’aux
premiers rochers qui encaissent la rive orientale.
Ces rochers s’élèvent à pic et forment plusieurs
étages de pointes déchirées, à travers lesquelles
ori a peine à se frayer un chemin. Il ne reste
pas la moindre bande de terrain entre les rochers
et le lac ; ce côté est presque inhabitable*
à l’exception de quelques courts ravins profondément
entaillés dans les pentes escarpées*
Je trouvai toutes ces falaises, composées de
roches porphyriques plus ou moins compactes,
d’un brun rouillé, quelquefois verdâtre, et ayant
l’apparence schistoïde ; ce qui donne à toute
cette côte un aspect noir et lugubre, qu’aug