Ce Canton est composé de plaines et de collines
qui du côté du Tockenbourg forment de petites
montagnes lesquelles ne s’élèvent pas au-dessus
de 2500 pieds à compter de la surface du lac de
Constance* Entre ces collines sont situés trois
lacs peu considérables, mais fort poissonneux.
Le sol de ce pays est tellement productif que
c’est le plus fertile de tous les Cantons de la
Suisse allemande. On n’y trouve pas de pâturages
alpins; mais il est rempli de prairies , de vergers,
de vignes et de champs où, indépendamment de
toutes sortes de grains, on cultive beaucoup de
lin et de chanvre. La Haute-Thurgovie qui s’étend
depuis Arbon jusqu’à Stem le long du lac de
Constance, du Lac inférieur et du Rhin et à.,3 ou 4 1.
au-delà de Stein jusqu’à la Thour, est un pays
d’une fertilité extraordinaire. On y fait deux
récoltes de lin par année sur un seul pt même
champ, et après la seconde on y sème encore
en automne du seigle, ou quelque autre espèce
de blé. Une forêt de poiriers et de pommiers , la
plus magnifique qu’il y ait dans toute la Suisse,
couvre ce beau pays sur une étendue de plusieurs
lieues. On y trouve des arbres dont chacun
rapports de 60 à 100 boisseaux de fruits par an,
et le cidre qu’on en retire peut valoir de trois à
cinq louis» Le lin et le chanvre que l’on y recueille
se filent et se mettent en oeuvre dans le
pays même, et les fabriques de toile qui commencèrent
à s’introduire dans le Canton dès la
fin du XIII. siècle ont fini par s’y élever sur le
pied le plus florissant, te s toiles les plus belles
efc les plus fines que les négocians de St. Gatt
répandent dans le commerce se fabriquent dans
jaThurgovie. Cependant ces manufactures ont
considérablement perdu de leur lustre depuis
l’introduction de la filature de Coton et des
fabriques de mousseline, vers le milieu du siècle
passé, et sur-tout depuis l’an 1787 que l’entrée
des toiles de Suisse en France a été gtévée par
des droits très-élevés. Ces fabriques de toiles sont
néanmoins toujours encore assez florissantes,
et il se fait un,commerce actif des mouchoirs de
poche et de cou en toiles peintes que l’on fabrique
à Arbon, à ffaùptwyt, a Isliken, etc. En divers
endroits du Thourgau la filature de coton et les
fabriques de mousseline occupent un grand
nombre de mains.
La situation politique et civile des habitans de
la Thurgovie a été déplorable jusqu’a la révolution.
A la vérité le peuple n’avoit que peu
ou point de redevances à payer à ses Souverains,
les VIII. premiers Cantons. Mais en revanche
ils étoient abandonnés au Gouvernement arbitraire
et à l’impudente rapacité de la plupart de
leurs Bailiifs *) et de leurs agens, ainsi qu’à des
véxations dé tout genre de la part des Seigneurs
lesquels avoient un bon nombre de serfs et de
main-mortables. Dix-huit couvens ou chapitres,
plusieurs villes et beaucoup de particuliers possé-
doient 72 Seigneuries dans le Thourgau. Ces
Plusieurs d’entre eux achetoient à grands frais leur
courte préfecture ; ils ne restoient que deux ans
en place.