noyèrent dans le lac. Les Suisses eurent 400 morts
et 600 blessés.
Le Duc de Bourgogne, échappé du champ de
bataille, se rendit à Marges où il dîna le 23. de
Juin; le même jour il partit pour Gex, et de-U
pour Salins.
Lé butin que l’on fit sur les Bourguignons en
artillerie „ tentes, armes, harnois, chariots, chei
v a u x , o r, argent, bijoux* vêtemens, etc, fut
immense : on le répartit entre les Cantons et lçurs
Alliés. .
Le Minestrel Veit Weher assista en personne
à la bataille et dès le soir même il en consacra
Îe souvenir dans un chant de guerre ( v. Nouveau
Jéusêum helvétique,' i re année, 3me cahier 1793,
pag. 193 )•
Les corps des Bourguignons furent ensevelis
dans de grandes fosses. Quatre ans après la ba<
taille, on érigea à % dè lieue de Morat à côté du
grand chemin un ossuaire dans lequel on recueillit
tous leurs qssemens ; Berne et Fribourg firent
réparer ce bâtiment pendant le milieu du XVIII*
siècle. On y lisoit deux inscriptions du grand
Haller, l’une en latin et l’autre en allemand. Voici
la première :
D. O. M.
C a ROIZ ïS Ç t Y T I ET FORTISSIMI BURGUN DIA E D ü C IS
e x e r c i t u s M u r a t u m o r s id ENs a r H e l v e t i i s CAESUS
HOC SUI MONUMENTUM R E t lC U IT . 1 4 7 6 -
La seconde inscription exalte la puissance du
Duc de Bourgogne et attribue les succès éclatant
des Suisses dans cette grande journée à f esprit
de concorde dônt ils étaient animés.
( Steh still 1 Helvetier ! hier liegt das kiikne Heer ,
Vor welchem Lüttich fie l, und Frankreichs Thron erbebte.
Eicht deiner Ahnen Zahl , nicht künstliches Gewehr,
JDie Eintracht schlug den F e in d , die ihren Arm belebte.
Lernt, Brüder! eure Macht, sie liegt in eurer Treu!
v
0 ! würde sie noch jetzt bey jedem Leser neu! )
Cette chapelle remarquable près de laquelle tous
les étrangers s’arrêtaient pour se livrer à de graves
méditations — cette chapelle où les Suisses venoient
toutes les années célébrer l’anniversaire de la bataille,
n’existe plus. Les François qu\ pénétrèrent
en Suisse l’an 1798 détruisirent par le feu ce monument
de la bravoure et de l’héroïsme des Suisses
ainsi que de leur amour pour la patrie et la
liberté, et le remplacèrent par le symbole aride
et sans racines de la liberté françoisé lequel fut
planté, par eux sur ce sol consacré aux souvenirs
les plus solemnels *)•
Chemins. De/Morat à Fribourg, 3 lieues. En
suivant les sentiers on passe à une demi-lieue de
Morat à côte de la belle maison de campagne-de M.
de.Qrqfenried, et 011 traverse un joli bois au sortir
duquel ou arrive sur une hauteur d’où l’on découvre
une vue fort, étendue. Depuis^ cette colline
Les François qui privèrent la Suisse de cet ossuaire
étoient des. demi-brigades de La Cote d 'o r , l’un des
Départemens de la ci-devant Bourgogne ; ils crurent
peut-être remplir un devoir de piété en faisant dispa-
roître ce-monument du désastre de leurs ancêtres.
(N . du T rad .)