La Chûte du Rhin, On voit à une petite lîeue
de Schaffouse cette cataracte, la plus grande qu’il
y ait en Europe, et l’une des scènes les plus
étonnantes que la nature ait formées dans la
Suisse. Les habitans du Canton désignent cette
chûte sous le nom de Laufen, et c’est de-là qu’est
venu celui du château bâti au haut des rochers
qui'dominent la cataracte. J ’invite tout voyageur
à s’y rendre en passant par ce château situé au
C. de Zurich à une forte demi-lieue de Schaffouse,
Tous ceux qui viennent de Zurich ou d’autre part
par Eglisau' doivent,prendre le chemin de Rhinm
qui vient aboutir au château de Laufen. D e cette
manière on évite l’inconvénient de voir d’abord
la chûte du fleuve du côté du petit château dHnt
IVèrd (das Schlofiii ) , d’où elle se présente de la
manière la moins avantageuse pour ceux qui
s’en approchent pleins d’ impatience et d’ardeur.
Arrivé au château de-Laufen on en descend pour
aller se placer tout de suite sur une petite galerie
avancée au-dessus du fleuve et nommée le
Fischetz. Car c’est là le vrai point de vue d'où
l ’on doit contempler cette scène d’une nature
toute sublime, et se livrer aux sensations vraiment
violentes du ravissement qUe produisent
Cet homme respectable qui consacra sa fortune, son
tems, ses connoissances, ses forces, en un mot son
existence entière à l’amélioration du sort des orphelins
dê sa ville natale pour lesquels il éleva presque entièrement
à ses fraix un bâtiment digne de sa noble
destination, a péri dans une des montagnes de Y A p -
p enz e li: ses cendres reposent à Gais. 2V, du Trad.
: les premières impressions. La poussière de va-
: peurs qu’on y essuye est quelquefois si forte que
les vêtemens des Dames en sont promptement
pénétrés lorsqu’elles se placent à l’extrémité de
la galerie. Il est donc à propos de prendre \un
! léger manteau ou un surtout pour se procurer le
plaisir de rester longtems dans ce lieu. Letonnerre
de la cataracte est si terrible, sur-tout au mois
1 de Juin quand les eaux sont hautes, qu’il couvre
entièrement la voix de l’homme, au point que
f vous n’entendez ni vos propres paroles, ni les
cris d’admiration qui s’ échappent des lèvres de
votre ami. Depuis la colline du château jusqu’à
celle de Neuhausen qu’on voit à l’opposite,, s’élèvent
précisément sur la ligne d’où le Rhin
commence à se précipiter, plusieurs grands
quartiers de roc qui divisent le fleuve en 5 bras.
Depuis le Fischetz l’oeil ne découvre que les trois
premiers rochers qui sont aussi les plus hauts.
A 200 pas de distance orl voit sortir des eaux le
plus rapproché de tous ; sa forme particulière
présente une sorte de cou mince, terminé par
une grosse tête arrondie couverte d’arbrisseaux
verts; en 1729 on y voyoit encore de beaux
sapins. Dans la partie qui forme le cou dont il a
ete question, la violence du courant a creusé
ûn trou ovale au travers duquel s’élance avec
fureur un torrent d’écume. C’est entre ce rocher
et la colline de la montagne que la plus grande
partie des eaux du fleuve se précipitent. La
hauteur de la chûte lorsque les eaux sont basses
est 5° a 60 p. et d’environ 80 quand elles sont