situation des glaciers, 11 n’en est aucun qui ne
provienne d’un grand amas de neiges imbibées
d’eau, laquelle après s’étre congelée pendant l’hiver,
ne peut entièrement se fondre durant l’été et persiste
ainsi jusqu’à l’hyver. C’est exclusivement
dans les plus hauts‘vallons des montagnes que se
sont formés tous les glaciers, sans en excepter
ceux dont les ramifications descendent dans les
vallées les plus fertiles. Il n’y en a que très-peu
dans la direction de l’Est à l’Ouest, et tous sont
entourés de hautes montagnes dont les ombres
affoiblissent considérablement l’effet du soleil durant
les trois mois d’été. Pendant neuf mois de
l’année , les neiges s’accumulent dans ces hautes
régions. Des lavahges de neige d’un poids énorme
tombent incessamment du haut des montagnes
circonvoisines au fond de la vallée où elles s’accumulent
comme dans un bassin en couches très-
compactes de plusieurs centaines de pieds d’épaisseur.
On conçoit qu’une telle masse ne peut point
seffondre entièrement pendant l’été, de sorte^qu’au
retour de l’hiver > elle a pris l’aspect d’un âmas
de neige congelée consistant en petits grains que
l ’infiltration des eaux , qui pénètrent de la surface
dans l’intérieur»de-la masse, réunit entre eux en
augmentant leur volume.
Mouvement progressif des glaciers ver & les vallées
infe'rieures. Il_n’y a pas de vallée dans les Alpes
dont le sol ne forme un plan incliné. Ainsi lorsque
la partie supérieure d’une vallée est occupée
par un glacier dont la masse et l’étendue augmentent
toutes les années en raison de l’accroissement
du froid qu’il occasionne lui-même, il doit résulter
de cet état de choses une forte pression des glaces
vers la partie inférieure de la vallée qui est le
seul point où ils n’éprouvent aucune résistance.
Pendant les chaleurs, c*est sur les côtés des glaciers
et sur leur surface inférieure qui repose sur
la montagne, qu’il se fond le plus de glace; les
courans qui proviennent de ces fontes forment
de longues et grandes voûtes ; les quartiers de
glaces arrêtés dans les angles de ces voûtes,
finissent par être entraînés par les eaux accumulées
à leur base, et l’air renfermé dans les cavités
du glacier^ rompt une partie des soutiens que supportent
les voûtes pour se mettre en équilibre
avec l'air extérieur lorsqu’il survient des change-
mens dans le poids dé l’atmosphère. Toutes ces
circonstances diminuent le nombre des points de
contact et la résistance des frottemens. La force
impulsive des parties supérieures surmonte les
efforts qui s’opposent encore à son action, et la
masse entière se porte en avant. Enfin lorsque
les glaces; ont fini de combler la haute vallée,
elles sont entraînées vers la gorge qui leur sert
d’issue, et dè-là peu à peu jusques dans la vallée
fertile, ou un plus haut degré de chaleur arrête
jusqu’à un certain point leur avancement ultérieur.
Les phénomènes suivans ne permettent pas à l’observateur
de révoquer en doute ce mouvement
progressif, i) On voit souvent l’extrémité inférieure
du glacier se porter en avant, pousser
devant elle les monceaux de pierres qui bordent
sa base, atteindre des arbres, les courber et les