qu’on soit exposé à en souffrir. Du reste les
habitans de ces montagnes connoissent au juste
les endroits -qui offrent tous les ans des dangers
sous ce rapport ; ainsi il est de la plus grande
importance de prendre leurs avis. Ceux qui ont
le malheur d’être couverts par une lavange de printemps
sont le plus souvent perdus sans ressource;
ils sont étouffés du écrasés sous cet énorme poids,
La neige dont elles sont composées est tellement
durcie, qu’ un homme ou un cheval qui y sont enfoncés,
ne peuvent absolument pas s’èn retirer
sans un secours étranger et qu’elle forme quelquefois
sur les torrens des Alpes des voûtes naturelles
sur lesquelles on fait passer jusques bien
avant dans Pété des masses d’un poids considérable,
L’impétuosité affreuse des lavanges froides
et de celles de printems passe l ’imagination. La
chute de ces masses de neige qui tombent souvent
de plusieurs milliers de pieds de hauteur cause
un ébranlement si violent dans l'air qu’on voit
quelquefois des cabanes renversées et des hommes
terrassés et étouffés à une distance considérable
de la place où la lavange a passé. L’impétuosité
avec laquelle ces lavanges tombent est quelquefois
si prodigieuse qu’elles couvrent dans les vallées
des surfaces de plus d’une lieue de longueur
et qu’elles exercent leurs ravages dans des endroits
distans de plus de deux lieues du pied des
rochers d’où elles sont descendues. Elles entraînent
toujours un grand nombre de pierres du haut
des montagnes et laissent dans les pâturages des
Alpes et dans la vallée les traces déplorables de
leur courte dévastatrice. Ces affreux vestiges
subsistent quelquefois pendant une longue suite
d’années, semblables à ceux qu’a laissés le torrent
sauvage en frappant de stérilité les prairies les
plus riantes,
Lavanges d’été. Ces lavangçi de la troisième
espèce n’ont lieu qu’en été ; elles ne sont dangereuses
ni pour les hommes, ni pour les bestiaux,
parce qu’elles ne tombent guère que sur les parties
les plus élevées des montagnes où la neige séjourné
pendant toute l’année* Elles offrent un spectacle
très-curieux; vous croiriez voir une rivière d’argent
j entourée d’une nuée de neige extrêmement
subtile, se précipiter du haut des rochers; la masse
augmente de gradins en gradins; elle marche avec
un bruit qui ressemble à celui du tonnerre et se
prolonge à la faveur des échos au milieu du silence
sublime des Alpes. C’est ordinairement
quand le ciel est serein et que les vents d’Ouest
régnent que ces sortes de lavanges ont lieu. Il
est fort rare , que les yoyageurs qui vont de Grin-
âelwald à Meyringhen par 1 e*Scheideck n’aient pas
le plaisir de voir le spectacle qu’offrent ces lavanges
d ete. On les appelle en allemand : Staub*
Lavinen ou Sommer-Loivinen.
Lavanges rémaçquabies. L e s lavanges s’annoncent’
toujours par un bruit sourd et effrayant,
semblable à celui du tonnerre, de sortë que le
voyageur a souvent le tems de chercher son salut
dans la fuite. La forme et la position de certaines
montagnes sont cause qu’il y a des endroits exposes
toutes les années aux plus terribles lavanges.