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la cime du Mgnt-BlanC j qui eil actuellement élevée d’environ une
lieue au - deffus de la furface aétuelle de notre g lo b e , étoit dans
l’origine enfouie. de près de deux lieues au-deffous de cette furface.
Ce ne ferait donc pas dans les profonds fouterrains des mines
de la Pologne ou du Northumberland, mais fur la cime des montagnes
en couches verticales, qu’il faudrait aller étudier la nature de
l'intérieur du monde primitif, du moins jufiju’où nous pouvons y
atteindre.- B
C e t t e idée a donné, à mes yeux, un grand intérêt aux morceaux
que j’ai détachés des rochers les plus élevés du Mont-Blanc, & m’a
engagé à les décrire avec foin. Je les revois toujours avec un nouveau
plaifir; jè les étudie, je les interrogé:- & il me femble que,
s’ils; pouvoient répondre à mes queftioris, ils me dévoileraient tous
les myfteres de la formation & des révolutions de notre globe.
Confirma- §• sooo. Je m’affermilfois encore plus dans ces idées, lorfqu’en
bf°n- conlidérant les rochers les plus rapprochés de la cime,: §§.: 1986, 89.
mica dans 9ï & 9 4 > je me rappellois que le plus grand nombre d’entr’eux
ces rocs ne conteiioit point du tout de mica, & que les autres n’en conteeieves.
n0¡ent que des -écailles fi rares & fi petites , que l’on ne pouvoit en
détacher aucune qui pût conftater leur réalité. Or, c’eft un fait, que
les matières arrachées par les feux fouterrains, du fond de la terre
a une grande profondeur, ne contiennent que très-rarement du mica.
M. de Dolqmieu n’a rencontré qu’une, feule roche micacée dans les
matières vomies par l’Etna,, Si je rien ai point vu dans les volcans
de l’-Auyergne & du Brifgaw.' J’en ai cependant vu dans celles du
Vefuve, Sí M,. Nose dans les laves duBas-Rhin; mais c’eft que les
feux fouterrains ne prennent pas toujours 3 la même profondeur,
les fubftances qu’ils lancent an - dehors : il fuffit, pour mon obfervation,
que le mica foit beau,coup plus r^re dans les entrailles de
la terre qu’à là furface.
O B S E R V A T IO N S G É O L O G I Q U E S , Chap. IV. 185
§. 2001. Il auroit paru naturel de penfer, que la plus haute cime Le Mont.
des Alpes devoit fe trouver auprès de leur centre, ou du moins vers nc n
le milieu de la largeur de la malle des montagnes primitives. Cepen-milieu de U
dant, celan’eft point ainfi. On voit de la cime du Mont-Blanc, qu’au !arg,eu.r do , , , 5 , la chaîne,
Midi, du cote de-l’Italie, u y a beaucoup plus de hautes fommites,
qu’au Nord, du coté de la Savoye; enforte que cette haute cime fe
trouve prefqu’au bord feptentrional de l’enfembie des montagnes
primitives. Auffi le fpeclacle eft;-il beaucoup plus beau & plus inté.
reliant du côté de l’Italie ; car les montagnes fecondaires au Nord,
terminées par la ligne' ‘ bleüe Si monotone du Jura, ne préfentent
rien de grand ni dè varié; & nos plaines, notre lac même, vu
obliquement au travers des vapeurs de l’horizon, ne préfentent que
des teintes foibles & des objets peu diftincts. Au Contraire, du côté
du Midi , l’horizon couvert à perte de vue de hautes cimes , variées
dans leurs formes & dans celles de leurs grouppes, mélangées de
neiges & de rochers, & entrecoupées de vallées verdoyantes, préfententun
enfemble également finguliet & magnifique. Mais fur-tout,
comme je l’ai déjà dit, les aiguillés & lés glaciers de tous les environs
du Mont-Blane, faifoient pour moi le fpeclacle tout à la fois le plus
raviflant & le plus inftruclif. ^
§.2002. Enfin, de ce bel obfervatioire, je faififfois d’un coup-d’oe il, Retere-
ou du moins fans changer de place, l’enfemble du grand phénomène ^ c h e s ^
que j’avois obfervé, pour ainfi dire, piece à piece; celui du releve-contre 1s
ment des couches des montagnes du côté du Mont-Blanc. De quelque fiw r
côté que mes yeux fe tournalfent, je voyois les chaînes fecondaires,
& même les chaînes primitives du fécond ordre, relever leurs couches
contre le Mont-Blanc & les hautes cimes de fon voifinage. Telles
étoient au Nord les montagnes du Repofoir, celles de Pafly, de
Servoz, le Buet; celles au Midi, du Col - Ferret, du grand Saint-
Bernard; puis celles de la chaîne du Cramont, dont la cime ne fe
voit pas, comme je l’ai dit, de celle du Mont-Blanc, mais dont on
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