faits que je viens d’expofer, & de la grande inégalité de l’aclion des
rayons Polaires fur la boule du thermomètre ; que c’eft avec bien de
la raifon que MM. R o y , Schuckburçh , T r e m b l e y , ont prefcrit
d’obferver le thermomètre à l’ombre pour la correction de la mefure
des montagnes parle baromètre. En effet, on doit être bien convaincu
que ce n’eft point dans la chaleur de l’air qui environne le thermomètre
expofé au foleil, qu’il faut chercher la caufe de la fupériorité
de fa chaleur, mais dans l’attion direéle des rayons du foleil fur ce
thermomètre. Car , lorfque le thermomètre à l’ombre n’eft garanti du
foleil que par un bâton d’un ou deux pouces de diametre, comme
l ’air, quelque tranquille qu’il paroifTe, n’eft jamais dans un état de fta-
gnation parfaite; il eft impoffible de fuppofer qu’en traverfant la moitié
de la largeur de cette ombre, il ait le tems de fe refroidir de 2 , de
3, & même d’un plus grand nombre de degrés. Je penfe donc, comme
les Savants que je viens de nommer, que le thermomètre à l’ombre,
du moins à l’ombre d’un corps très-étroit, indique la véritable température
de l’air. Je ferois même difpofé à oroire que les anomalies
que M. D e Luc a trouvées dans les mefures des montagnes, prifes à
l’aide du baromètre le matin & le foir, viennent en grande partie de
ce qu’à ces époques-là le thermomètre expofé au foleil, d’après lequel
il corrigeoit fes obfervations, eft fujet àfes plus grandes anomalies.
Critique §• 1053, M. D e Luc a fait fur cette obfervation des remarques cri-
tiques qu’il a inférées dans le Journal dephyfique, tome XXXFH ,
tion. ' PaS ‘ Son but principal eft de défendre fa méthode, d’obferver au
foleil plutôt qu’à l’ombre le thermomètre deftiné à indiquer la température
de l’air pour la mefure des hauteurs parle baromètre. Il prétend
qu’il y avoit probablement quelques caufes locales qui modifioient
J’aélion du foleil fur le thermomètre. Pour moi, je ne {aurais concevoir
aucune caufe locale, capable d’influer fur des thermomètres fitués
comme les nôtres fur la crête d’une arrête C étroite & élancée au milieu
des airs , ou ce qui revient au même, S’il y avoit là une caule
Jocalecette caufe doit fe retrouver fur toutes les cimes hautes & ifofées.
' JVI.
S U R L E T H E R M O M E T R E , Chap. VI, ?49
M- le Comte AwuREANima aifur.é qu’il avoit fait la même obfervation
fur la cime de l ’Etna. D’ailleurs, la conformité de ces Ôbfervations
avec celles qui ont été faites en même tems dans la vallée de Chamouni
, dont le fite eft.le contraire de celui du Géant, avec d’autres
inftruments, & par un obfervateur différent, démontrent qu’il y a là
un fait indépendant de toute localité.
M ais en réfléchiffant depuis lors fur la raifon de ce fait, j’en ai
trouvé une qui n’eft point locale, & qui tient à la conftruttion même
des thermomètres. Les conftrucleurs des thermomètres à boule nué
s’efforcent de faire les boules les plus petites poffibles pour les rendre
moins fragiles, & le plus promptement fenfibles aux impreffions de
l’air. Pour cela, ils choiiiflènt des tubes d’un verre fort épais, & dont
les tuyaux font réellement capillaires, Sc ils prennent le vuide de la
boule fur l’épaiffeur même du verre. On en voit de R am sd e n dont la
boule n’a pas un diametre plus grand que le tube même ; & ceux que
j’ai de M. P au l ont à peine un tiers de diametre de plus que le tube.
Il fuit de-là que le verre qui enveloppe le mercure eft fort épais vers»
le haut, & va en s’aminciffant continuellement vers le bas de la boule
D ’abrès cette conftruftion, l’on comprend, que le thermomètre
étant fufpendu dans unefituation verticale, plus le foleil s’élève. & plus
grande eft l’épaiffeur du verre que les rayons de cet aftre ont à tra-
verfer, pour atteindre le mercure : tellement que dans un thermomètre
de R am s d e n , fi le foleil étoit au zénith 1, le. tube tiendrait le
mercure entièrement à l’ombre, & alors le thermomètre au foleil ne
mon ter oit pas plus haut que le thermomètre à l’ombre, & qu’au
contraire, lorfque le foleil eft-à l’horizon , fes rayons n’ayant à tra-
verfer qu’une couche de verre très-mince & éclairant toute une moitié
de la boule , exerceraient toute leur attion ^ & produiraient le maxU
mum de différence entre le thermomètre au foleil ;& le thermomètre
à.l’ombre,
Tmt IF. ' l i ' *