Déclinai»
fon de l’aiguille.
208 M O N T - B L A N c:
& là, le baromètre étant à 28 pouces, 7 lignes," & 82 160e de
ligne; l’eau bouillante prit une chaleur de 8i°, 299. Enfin , fur la
cime du Mont-Blanc, le baromètre étant à 16 pouces, o lignes , &
1 4 4 , 16 0 ’ de ligne; la chaleur de l’eau bouillante ne fut que de 68°,
993'; ce qui fait une différence de 12°, 306. O r, fuivant la formule
de M. d e L u c , cette différence auroit d û être de 1 2 , 40 3 . Cet écart,
qui eft à peine d’une dixième de degré , fur une différence de 12 pouces
, 6 lignes dans les hauteurs du baromètre , prouve que la formule
d e M, ise Luc eft auffi exacte qu’il foit poffible de le defirer.
L ’EspRiT-de-vin brûla très-bien , mais il fallut une demi-heure pour
faire- bouillir l’eau, tandis qu’au bord de la mer il ne falloit que 1-2
ou 13 minutes, quoique la chaleur dût y être de 12 degrés plus
grande. A Geneve, il faut 15 ou 16 minutes.
J’avois fait porter un réchaud & du charbon pour le cas où la
lampe viendrait à fe déranger ; je ne m’en fervis pas pour mon
expérience ; mais nous en fîmes continuellement ufage pour faire fondre
de la neige, & avoir ainfi de l’eau , dont nous étions tous extrêmement
avides. On étoit obligé d’animer continuellement le charbon ,
par le moyen du foufflet, fans quoi il s’éteignoit au moment même.
§. 2012 C omme il auroit fallu- trop dé tems pour tracer une méridienne
qui pût me fervir à déterminer la déclinaifon de l’aiguille aiman<-
tée, je me fervis d’une méthode qui m’a fouvent fervi en pareil easj,
non pour connoitre la déclinaifon abfolue, mais la différence de décli-
naifon, s’il y en a , entre deux lieux vifibles l’un de l’autre. Je pris, avec
l’alidade d’une bouffole, l’angle que faifoit avec le méridien magnétique
une ligne tirée de la cime du Mont-Blanc a un des angles de Féglife du
Prieuré de Chamouni ; je trouvai cet angle de 21" , yo’ à l’Eft du méridien.
Et à mon retour, je vis du même endroit la cime fous ce même
angle ; ce qui prouve que la déclinaifon étoit la même dans la vallée,
que fur la cime. Sut le Crament j’eus un réfultat différent, §. 921,
O B S E R V A T IO N S M É T É O R O L O G IQ U E S , Chap. VI. 203
§. 2013. La furface de la neige fur la cime eft couverte d’un vernis Etat de
mince de glace qui devient écailleux en s’éclatant. Des coups de foleil Ia neiKe‘
fondent la neige à fa furface , & comme elle fe regele bientôt après ,
cela forme une efpece de vernis. Dès qu’il s’élève un vent un peu fort, ce
vent déchire ce vernis, fouleve ces écailles & les fait voler à une grande
hauteur. Il s’y joint des neiges en pouffiere que le vent entraîne encore
plus facilement. On voit alors des vallées voifines, une efpece de fumée,
que l’on prendroit pour un nuage qui s’élève de la cime en fuivant la
diredion du vent. Les gens du pays difent alors que le Mont - Blanc
fume fa pipe. Cette neige volante fe teint en rouge au foleil couchant»
& reffemble quelquefois à la flamme d’un volcan. Sous ce vernis de glace
la neige eft affez ferme, & quoiqu’on puiife y enfoncer un bâton, elle
préfente cependant affez de réfiftance.
Les pentes, au-deffous delà cime qui font expofées à une adion plue
forte des rayons du foleil, fe fondent à une plus grande profondeur;
& en fe regelant enfuite pendant la nuit , elles forment une croûte
plus épaiffe, qui dans quelques endroits foutient un homme fans fe
rompre , mais dans d’autres fe brife fous fes pieds. Au-deffous de cette
croûte on trouve, fur-tout dans les pentes rapides, une neige folle &
incohérente, dans laquelle on n’enfonce pourtant ordinairement que
jufques à mi-jambe, parce qu’on rencontre alors une autre croûte qui
foutient ; car quand on trouve , comme je l’ai éprouvé en hiver, des
neiges abfolument en farine, on y enfonce jufques à la ceinture, §. 739-
§. 2014. O n a fouvent témoigné la curiofîté de favoir qu’elle eft Son épaifi
l’épaiffeur de la calotte de neige qui recouvre la cime du Mont-Blanc. r-
Mais il n’y a aucun moyen de s’en affurer ; il faudroit pour cela que
cette calotte fût coupée à pic dans quelqu’une de fes parties ; mais
C’eft ce qui n’eft point ; elle defcend de tous les côtés par des pentes
plus ou moins prolongées, & qui ne montrent diftindement nulle
part l’épaiffeur de la neige. Sur le dôme du; Goûté, la calotte eft coupée
net du côté de l’Eft , & cette coupure eft bordée par les maffes
C e a